Gestion des Atolls – MANA

Le projet MANA ("force" ou "pouvoir" en Polynésien) est consacré au développement d'outils de gestion des lagons exploités face au changement climatique. Il vise en particulier les atolls dédiés à l’aquaculture dans l’Océan Pacifique Central, une région vulnérable aux changements globaux et avec des capacités d’adaptation limitées. Les objectifs de gestion mis en avant par les Etats, dont la Polynésie française et les Iles Cook, et la création d’outils d’aide à la décision demandent une collaboration inter-disciplinaire.
Les îles tropicales ont subi de grands bouleversements en 50 ans, accompagnés d’innovations, dégradations, et transformations à l’instar de celles induites par le développement de l’aquaculture. Les atolls (ou îles basses) ont aussi à subir les effets du changement climatique tout en fonctionnant dans un monde piloté par les marchés lointains et la mondialisation. Les populations des atolls éloignés n’ont que peu de possibilités pour s'adapter à ces changements. Une planification prenant en compte les spécificités sociales et économiques locales est nécessaire, mais ne peut se concevoir que dans un schéma de gouvernance mixte, issu d’initiatives centralisées et locales. MANA souhaite contribuer à cette approche en apportant des outils de gestion utiles aux gestionnaires et aux habitants des lagons d’îles et atolls. MANA à ainsi l’ambition de contribuer à une meilleure gestion et qualité de vie en milieu insulaire tropical pour les 20 prochaines années.
Pour cela, MANA s’intéresse à la gestion de la perliculture, productrice des précieuses perles noires, 2ème source de revenus pour la Polynésie française, et basée sur l’huître Pinctada margaritifera. La production de perles demande plusieurs étapes, la première étant le collectage de larves sur supports artificiels. Ensuite, les huîtres adultes sont greffées et mises en élevage jusqu’à la récolte des perles. Le succès final dépend donc d’abord du succès du collectage, mais celui-ci est très variable dans l’espace et le temps, en raison notamment de la variabilité des conditions environnementales. Les conséquences possibles du changement climatique sur ces processus sont par ailleurs encore inconnues. Les outils de gestion à développer incluent donc la possibilité de mettre en place des scénarios s’intéressant à la « Prévision du collectage », « Gestion des stocks d’huitres », « Planification spatiale de l’occupation des lagons » et « Influence du changement climatique ».
MANA modélisera les processus qui contrôlent le collectage via la distribution du stock reproducteur, survie des larves durant leurs phases de dispersion, disponibilité de la nourriture, dispersion des larves par les courants lagonaires, influence des conditions environnementales sur ces courants, et emplacement des collecteurs. Ces processus seront étudiés et intégrés dans des modèles spatiaux, et ce pour différents types d’atolls.
MANA est un Projet de Recherche Collaboratif (PRC) à 9 partenaires, dont 2 services de gestion des ressources marines, en Polynésie française et aux Iles Cook. Ces services ont investi lourdement dans du matériel scientifique en 2016, ont identifié les atolls prioritaires, contribueront aux travaux de terrain et à la définition du cahier des charges des outils de gestion, et les mettront en œuvre en fin de projet. Le consortium a déjà un long historique de collaboration et d’expérience sur les sujets traités, ce qui limite grandement les risques inhérents au projet.
Le projet (4 ans) se décompose en 7 tâches interconnectées, avec plusieurs sous-tâches : T1: Coordination; T2: Typologie régionale d’atolls; T3: Modélisation 3D de la circulation lagonaire; T4: Modélisation couplée bio-physique lagonaire; T5 : Collecte de données in situ; T6: Facteurs régionaux forçants et changement climatique; T7: Outils d’aide à la décision. Les tâches scientifiques (T2-T6) sont coordonnées par T1 et convergent vers la tâche appliquée (T7) qui développera les outils de gestion.