DS0802 - Dimensions sociales du tournant numérique

Patrimoine, Mémoires et Histoire du Web dans les années 1990 – WEB90

WEB90 - Patrimoine, Mémoires et Histoire du Web dans les années 1990

Comment cartographier le Web des années 1990 ? Sur quels acteurs l’adoption et la généralisation de l’Internet et du Web se sont-elles appuyées ? Comment est né le marché de l’accès et de la consultation au travers des fournisseurs de services ou de l’attribution des noms de domaine ? Que représente côté utilisateur la navigation dans la Toile durant la décennie 1990 ? Autant de questions auxquelles le projet Web90 apportera des réponses, en croisant Patrimoine, Mémoires et Histoire du Web.

Plusieurs enjeux sur le plan théorique, méthodologique, épistémologique et patrimonial

Les enjeux scientifiques de ce projet sont à la fois d'ordre théorique et méthodologique. Il s'agit notamment de : <br /><br />- Dépasser une histoire technique internaliste ou au contraire focalisée sur les contenus pour tendre vers une histoire à la fois sociale, économique, politique et technique de la Toile. <br /><br />- Mesurer le caractère disruptif de la technologie sur le plan économique, sur celui des imaginaires, valeurs et usages de la communication<br /><br />- Restituer une expérience collective et des expériences individuelles de découverte et d’usages du numérique en contexte, en croisant des sources de nature variée (presse généraliste et spécialisée, archives audiovisuelles, archives du Web, entretiens oraux, etc.)<br /><br />- Exploiter des archives du Web à la fois pléthoriques et lacunaires, qui ne peuvent être abordées comme des sources statiques et figées et invitent à une réflexion épistémologique et méthodologique sur le patrimoine nativement numérique et les outils nécessaires à son exploitation. Les enjeux épistémologiques et méthodologiques que soulèvent ces fonds pléthoriques impliquent des approches qui peuvent s'appuyer sur les réflexions en cours au sein des humanités numériques, mais aussi inviter à l'exploration de la boîte noire de l'archivage du Web via des approches en STS ou en archéologie des médias (notamment autour des notions d'objet-frontière, de médiation, etc.). Un volet de recherche sur la fabrique et la gouvernance de l'archivage du Web ainsi que la patrimonialisation du numérique permet ainsi d'éclairer la manière dont les archives du Web sont constituées et les modalités, possibilités mais aussi limites de leur exploitation.

Outre la recherche historique qui permettra de collecter et préserver des sources tant orales qu’écrites et d’apporter des avancée significatives dans l’histoire du Web en France, le projet permettra d’explorer les enjeux que posent les archives du Web (droit, création de corpus, représentativité des sites, etc).

Sa mise en œuvre est répartie en 3 tâches scientifiques (auxquelles s'ajoutent des actions de valorisation et de coordination).

La première a pour objectif de contextualiser l’Internet et le Web français tant sur le plan des équipements, des tarifs ou de l’offre de contenus (approche notamment quantitative) que sur le plan politique (régulation, controverses et débats publics, etc.), technique (évolution des débits, des interfaces, etc.), en les confrontant notamment à la situation des Etats-Unis.

La seconde, « L’expérience du Web » plonge au cœur des pratiques, en étudiant le Web des professionnels (offre de services, usages en entreprises), la question des identités numériques (profils des utilisateurs, noms de domaine, anonymat, etc.), ou encore la navigation dans la Toile des années 1990.

La tâche 3, «Les enjeux du patrimoine nativement numérique et des archives du Web », est dédiée plus spécifiquement aux sources et corpus «nativement numériques«. La conservation, mais aussi l’exploitation des données issues des pratiques et outils numériques (bases de données, archives Web, machinimas, logiciels...), impliquent une réflexion sur la manière dont ce patrimoine numérique peut modifier les recherches en cours et en susciter de nouvelles.

Croisant des approches en histoire de l'innovation, des médias, en histoire sociale et économique, cette recherche s'appuie aussi sur les réflexions et avancées récentes dans le champ des humanités numériques et dans celui des Internet Studies (notamment des Code Studies et des Infrastructure Studies).

Parmi les éléments les plus notables à ce stade :
• important travail de dépouillement d’archives (audiovisuelles, presse, rapports étatiques, archives du Web)
• plusieurs articles dans des revues académiques françaises, portant sur la fabrique ou à l’exploitation du patrimoine nativement numérique, en particulier des archives du Web, qui sont le résultat de recherches et d’observations de terrain menées ces dix-huit derniers mois
• articles publiés ou en cours de publication dans des revues françaises ou internationales, dédiés spécifiquement à l’histoire du Web des années 1990 : par exemple sur les cybercafés (à paraître), sur le « Web des pros » pour New Media & Society (publié) - d’autres sont en cours d’évaluation (Etat et services publics sur la Toile, par exemple).
• Interventions dans des conférences nationales et internationales permettant de rencontrer des communautés, impliquées dans nos objets d’étude, très diversifiées : archéologues des médias, SIC, historiens des médias, humanités numériques, communauté historienne, archivistes, etc. Ces interventions nous ont aussi permis de croiser nos regards avec ceux d’autres chercheurs et d’enrichir nos perspectives scientifiques et méthodologiques
• le colloque Temps et temporalités du Web de décembre 2015 (https://web90.hypotheses.org/programme-ttow), qui a réuni sur 3 jours près de 70 intervenants français et étrangers et dont un ouvrage collectif est en cours de réalisation, a également permis d’approfondir nos approches historiennes de l’histoire du Web mais aussi de les ancrer dans perspectives interdisciplinaires.
• appel à communication sur le patrimoine nativement numérique pour la revue RESET dont le dossier est presque bouclé web90.hypotheses.org/527
• ouverture d'un carnet de recherche
web90.hypotheses.org
• projet Incunables du Web et Corpus en partenariat avec la BnF
• collaboration étroite avec le groupe de recherche européen RESAW sur les archives du Web européennes

Prévisions :
• implication et participation dans le colloque 10 ans du DL Web (BnF/Ina) et réalisation d'un parcours guidé BnF
• livre collectif Temps et temporalités du Web (2017)
• ouvrage de synthèse sur le Web des années 1990
• approfondissement des possibilités d’utiliser des outils de DH dans les archives du Web (projet avec la BnF)
• poursuite des entretiens oraux
• participation à plusieurs chapitres d’un SAGE HANDBOOK sur l’histoire du Web
• co-organisation de la conférence internationale RESAW Londres juin 2017, Researchers, practioners and the archived Web :
www.iscc.cnrs.fr/spip.php
• fort investissement dans le dépôt d'un projet H2020 dédié aux archives du Web européennes

Valérie Schafer, Benjamin G. Thierry, “The “Web of pros” in the 1990s : The professional acclimation of the World Wide Web in France”, New Media & Society. Published online before print April 27, 2016, doi:10.1177/1461444816643792
Valérie Schafer, Francesca Musiani et Marguerite Borelli, “Negotiating the Web of the Past”, French Journal for Media Research [en ligne], no 6, La toile négociée / Negotiating the web, 2016, url : frenchjournalformediaresearch.com/lodel/index.php (texte intégral / full text).
Valérie Schafer, Benjamin G. Thierry, « L’ogre et la Toile. Le rendez-vous de l’histoire et des archives du Web », Socio, no 4, Le tournant numérique... et après ?, coordonné par Dana Diminescu et Michel Wievorka, 2015, p. 75-96.
socio.revues.org/1337
Camille Paloque-Berges, Valérie Schafer, « Quand la communication devient patrimoine », Hermès, no 71, 2015, p. 255-262.
Schafer, V., Paloque-Bergès, C., Georges, F., « La culture Internet au risque du Web », Les Cahiers interdisciplinaires de la recherche en communication audiovisuelle, 2015, n° 24, pp. 15-31.

La décennie 1990 est décisive pour comprendre le tournant numérique grand public en France. Un premier tournant, aujourd’hui bien documenté, est opéré dans les années 1980 avec le Minitel. Un second virage réside dans les premiers développements du Web en France. Il reste quant à lui un point encore largement aveugle de l’historiographie, que ce soit l’histoire des premiers FAI, la naissance des sites professionnels, administratifs, des pages personnelles, des services de e-commerce ou l’apparition d’une offre et d’un marché grand public. Au même moment émergent les débats autour du rôle, des possibilités, mais aussi des menaces que le Web incarne.
A quel rythme se fait la conversion au Web dans le monde professionnel et dans le grand public ? Comment cartographier le Web des années 1990 ? Sur quels acteurs l’adoption et la généralisation de l’Internet et du Web se sont-elles appuyées en France ? Comment est né le marché de l’accès et de la consultation au travers des fournisseurs de services ou de l’attribution des noms de domaine ? Sous quelle forme la co-construction souvent mise en avant de l’Internet et du Web par l’offre et les usages s’est-elle manifestée et quelle place y a occupé la puissance publique ? Que représente côté utilisateur la navigation dans la Toile durant la décennie 1990 ? Ces questions n’ont pas encore été étudiées par les historiens. Elles répondent pourtant à plusieurs enjeux fondamentaux sur le plan théorique, méthodologique, épistémologique et patrimonial :

- Mesurer le caractère disruptif de la technologie sur le plan économique, dans le domaine des imaginaires, valeurs, usages de la communication
- Dépasser une histoire technique ou au contraire focalisée sur les contenus pour tendre vers une histoire à la fois sociale, économique, politique et technique du Web
- Exploiter des archives du Web à la fois pléthoriques et lacunaires, qui ne peuvent être abordées comme des sources statiques et figées
- Restituer une expérience collective et des expériences individuelles de découverte et d’usage du numérique

Outre la recherche historique qui permettra de préserver des sources tant orales qu’écrites et d’apporter des avancée significatives dans l’histoire du Web, le projet permettra d’explorer les enjeux épistémologiques, méthodologiques et théoriques que posent les archives du Web (droits, interactivité, représentativité des sites, etc). Sa mise en œuvre est répartie en 5 tâches.
La première a pour objectif de contextualiser le Web français tant sur le plan des équipements, des tarifs ou de l’offre de contenus (approche notamment quantitative) que sur le plan politique (régulation, débats publics, etc.) ou technique (évolution des débits, interfaces, du code, etc.), en les confrontant notamment à la situation des Etats-Unis.
La seconde, « l’expérience du Web » plonge au cœur des pratiques, en étudiant le Web des professionnels (offre de services, sites commerciaux, usages en entreprises), les sites institutionnels étatiques, la question des identités numériques (profils des utilisateurs, noms de domaine, anonymat, etc.), ou encore la navigation dans la Toile.
La tâche 3, « Enjeux du patrimoine numérique natif et des archives du Web" analyse leurs conditions de conservation, patrimonialisation et utilisation.
Les tâches 4 et 5 (coordination/valorisation) sont liées aux précédentes, tout en faisant l’objet de tâches indépendantes tournées vers les associations d’acteurs et de professionnels, le monde universitaire et le grand public (exposition virtuelle par exemple).
Pour mener à bien ces tâches aux enjeux pluridisciplinaires, ce projet Jeune Chercheur s’appuie sur une équipe qui mêle des compétences en histoire, en sociologie, en SIC, notamment en sémiologie, en informatique et en droit.

Coordination du projet

Valérie Schafer (Institut des sciences de la communication du CNRS (UMS 3665))

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS Institut des sciences de la communication du CNRS (UMS 3665)
CNRS Institut des sciences de la communication du CNRS (UMS 3665)

Aide de l'ANR 189 633 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 36 Mois

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