ADIPOTOX : Redistribution et Toxicité des Polluants Organiques Persistants lors d'un Amaigrissement Important – ADIPOTOX

Contexte et objectifs : Notre alimentation est contaminée par de très nombreux polluants, notamment des polluants organiques comme les dioxines, les furanes, d'autres composés organiques chlorés (PolyChloroBiphényls) et des composés bromés. Ces polluants sont stockés dans la masse grasse de l'organisme et peuvent persister de très nombreuses années (Polluants Organiques Persistants ou POPs). Il est très difficile chez l'homme, pour des raisons éthiques évidentes, de caractériser les contaminations alimentaires par des POPs et d'en étudier le retentissement toxique par des essais cliniques dédiés. Pour réaliser cet objectif, nous envisageons de profiter d'un protocole clinique, développé dans le service de nutrition de l'Hôtel Dieu (Paris), entraînant un amaigrissement très important de sujets obèses (30 kg en quelques mois). Comme les POPs sont stockés dans le tissu adipeux, ces amaigrissements sévères constituent un modèle unique d'étude du relargage de POPs dans la circulation et du retentissement génique et toxique de cette redistribution. Quelques études réalisées préalablement par l'équipe de Tremblay au Québec sur des amaigrissements modérés suggèrent que l'hypothèse du relargage des POPs est réelle et valide le concept sur lequel repose notre projet.

Méthodes : Les amaigrissements sont provoqués par une chirurgie bariatrique et un régime alimentaire. L'étude que nous envisageons bénéficiera de la caractérisation clinique et biologique très complète réalisée à l'occasion de ce protocole clinique. L'expression des gènes est étudiée par RT-PCR quantitative en temps réel ou, dans le cas des cellules en culture, par des puces à ADN pangénomiques.

Programme : Ce projet vise à analyser l'impact d'une réduction drastique de la masse grasse sur la distribution et la toxicité des POPs. L'objectif est d'étudier : 1) l'évolution des taux de plusieurs POPs au cours d'une perte de poids massive sur 3 mois chez l'homme. Dans l'étude rétrospective, nous étudierons le taux des POPs du tissu adipeux avant et 3 mois après l'intervention; dans l'étude prospective nous étudierons les taux sanguins et ceux du tissu adipeux avant, six semaines et trois mois après l'intervention ; 2) le retentissement fonctionnel tissulaire de cette libération par l'étude de l'expression de gènes qui sont des cibles spécifiques de certains POPs; cette étude se fera par Q-RT-PCR en temps réel sur le tissu adipeux dans l'étude rétrospective et sur ce tissu, le sang et, pour certains sujets, le foie dans l'étude prospective ; 3) Nous complèterons ces travaux chez l'homme par une étude in vitro dans laquelle nous explorerons les effets des 5 POPs les plus abondants du sérum sur des explants de tissu adipeux et des cellules en culture primaire d'origine humaine : hépatocytes, et adipocytes différenciés in vitro. Nous analyserons les effets des POPs sur l'expression génique (puces à ADN pangénomique) et sur le métabolisme lipidique dans ces cellules en culture.

Perspectives : Ce projet explore un modèle unique d'augmentation du relargage de POPs dans la circulation sanguine humaine et du retentissement d'un tel relargage chez des sujets particulièrement bien caractérisés. Ces données devraient permettre d'appréhender les effets toxiques des contaminations au long cours à faible dose pour lesquelles il est difficile de proposer un modèle d'étude chez l'homme.