CULT - Métamorphoses des sociétés. Emergences et évolutions des cultures et des phénomènes culturels.

Les Interfaces entre Culture, ORganisme, Nature Et Société – LICORNES

Nature, société et culture dans les mondes humains et animaux

Etude des interactions entre les phénomènes biologiques, psychologiques, sociaux et culturels sur trois terrains : le développement des jeunes enfants ; les croyances relatives à la classification et à l’origine des espèces vivantes ; les interactions humains / animaux (chiens, singes). L’étude repose sur une comparaison entre deux aires culturelles : l’Europe et l’Afrique du Nord.

Contribuer à faire de l’articulation entre les sciences sociales et les sciences de la vie un champ de recherche empirique

Le thème nature et culture a été classiquement abordé à travers deux questions principales, distinctes mais connexes. La première porte sur le fondement des phénomènes culturels : dans quelle mesure et selon quelles modalités les phénomènes biologiques sont-ils impliqués dans l’émergence des phénomènes culturels et leur évolution ? La seconde porte sur leur étendue : la culture est-elle un phénomène propre aux sociétés humaines ou la trouve-t-on également chez les animaux ? Ces deux questions ont suscité de très vifs débats depuis la naissance des sciences sociales. Ces débats ont pris le plus souvent une tournure très polémique. L’objectif du programme LICORNES est de proposer des alternatives aux postures tranchées qui se dessinent fréquemment dans ces débats fortement polarisés. Il s’agit dans ce projet d’aborder cette thématique non pas comme une question qui pourrait être résolue à travers une solution unique ou a priori, mais comme un champ de recherche vaste qui doit être étudié empiriquement et dans lequel une gamme variée de modalités d’articulation entre nature et culture est possible. Le programme LICORNES se déploie autour de deux axes, qui reprennent les deux questionnements évoqués plus haut. Le premier axe repose sur trois enquêtes. La première porte sur l’apparition des compétences sociales et culturelles chez les enfants, étudiée en France et au Maroc. La seconde propose une discussion théorique du concept de représentation – qui est aujourd’hui au cœur des débats entre les sciences cognitives et les sciences sociales – à partir d’une enquête ethnographique et expérimentale sur les croyances collectives relatives à la diversité et au devenir du vivant, en Europe et au Maroc. La troisième porte sur l’histoire des théories naturalistes. Le second axe est consacré à la question de l’étendue des phénomènes culturels dans le monde vivant, à travers une étude sur les interactions entre les humains et les animaux (chiens et singes), en France et au Maroc.

Le programme LICORNES est pluridisciplinaire. Il vise à développer une collaboration entre disciplines forte et réelle, condition impérative pour mener des enquêtes à l'interface entre nature et culture. Ainsi regroupe-t-il des chercheurs relevant de plusieurs domaines, y compris hors SHS : sociologie, anthropologie, linguistique, analyse de conversation, éthologie, génétique des populations, psychologie, sciences cognitives, philosophie, science politique. Mais surtout – et cet élément est sans doute le plus important pour rendre l'interdisciplinarité effective et féconde –ces chercheurs sont spécialisés, dans leur domaine, sur le thème des rapports entre nature et culture, et ont publié sur ce thème des articles dans des revues à comité de lecture internationales ou des ouvrages. Le programme LICORNES entend, en outre, dépasser les oppositions paradigmatiques trop tranchées, qui altèrent le dialogue entre les disciplines, en particulier l'opposition entre les approches radicalement internalistes et externalistes des phénomènes de l'esprit. L'une des convictions épistémologiques qui animent les participants à ce projet est que les modèles explicatifs de la culture doivent valoir moins pour les principes généraux qui paraissent les fonder, que pour ce qu'ils permettent de voir empiriquement et théoriquement, grâce aux méthodes qui leur sont propres. Pour cette raison, le présent projet est également pluriméthodologique, dans la mesure où il mobilise l'observation ethnographique, l'analyse de conversation, l'expérimentation, la modélisation, l'analyse conceptuelle et l'histoire. Enfin, comme on l’a souligné plus haut, ce programme a une dimension comparative, transculturelle, qui fait encore fréquemment défaut aux recherches socio-anthropologiques qui s’inscrivent dans le cadre des sciences cognitives ou qui tentent de dialoguer avec elles.

A ce stade précoce du programme, il serait prématuré de prétendre dégager des résultats définitifs. Toutefois, les premières recherches, notamment sur les jeunes enfants et sur les interactions humains / animaux, confirment l’hypothèse centrale du programme. Cette hypothèse est la suivante : les interactions sociales jouent un rôle capital dans l’émergence et l’évolution des phénomènes culturels, car c’est à travers elles que les dispositions psychologiques individuelles, en se combinant et en s’offrant des appuis mutuels, donnent naissance et assurent la perpétuation et la consolidation des phénomènes que l’anthropologie regroupe classiquement sous le nom de culture. Cette hypothèse est confirmée par les recherches sur les jeunes enfants, qui montrent que les compétences sociales jouent un rôle prépondérant dans le développement, avant même l’apparition de la théorie de l’esprit. En outre, à propos des interactions entre humains et animaux, nos premières recherches suggèrent que les chiens et les singes ne peuvent être considérés comme des choses inertes dans leurs interactions avec les humains. Ils doivent être considérés comme des acteurs, mais d’un type très particulier. Enfin, l’enquête sur le créationnisme au Maroc suggère que, sur cette question, beaucoup d’acteurs n’ont pas de représentation très précise, et manifestent assez peu d’intérêt pour la question. En d’autres termes, la question de l’origine de l’homme n’a pas toujours une puissante force sacrilège, y compris chez des croyants. Les représentations collectives sont, dans de tels cas, intrinsèquement floues.

L’une des ambitions majeures de ce programme est de contribuer au développement empirique et théorique d’un champ de recherche : celui de l’articulation entre les connaissances accumulées par les sciences sociales et les sciences de la vie, chacune de leur côté et avec leurs propres méthodes. Cette recherche devrait également permettre d’inscrire les vues développées par les sciences sociales dans la théorie de l’évolution, mais sans les modifier substantiellement, et sans les réduire à des phénomènes biologiques. Elle devrait également permettre de porter un nouveau regard sur certains animaux – ni machines inertes, ni acteurs anthropomorphes – et sur les rapports entre l’homme et son environnement vivant, notamment à propos de la domestication.

A ce stade précoce du programme, seuls quelques articles dans des revues à comité de lecture ont été publiés. Plusieurs publications sont en cours de rédaction, notamment deux ouvrages collectifs, un ouvrage d’auteur, et plusieurs articles dans des revues à comité de lecture.

Le projet LICORNES porte sur le thème général des rapports entre nature et culture. Ce thème a été classiquement abordé à travers deux questions principales, distinctes mais connexes. La première porte sur le fondement des phénomènes culturels : à quel point et selon quelles modalités les phénomènes biologiques sont-ils impliqués dans l’émergence des phénomènes culturels et leur évolution ? La seconde porte sur leur étendue : faut-il les limiter aux sociétés humaines ou les étendre aux animaux ? Ces deux questions ont suscité de très vifs débats depuis la naissance des sciences sociales. Ces débats ont pris le plus souvent une tournure très polémique, qui n’a pas toujours permis un examen serein des questions capitales, quoique fort délicates, que pose l’articulation des connaissances accumulées respectivement par les sciences sociales et les sciences de la vie.
L’objectif du projet LICORNES est de proposer des alternatives aux postures tranchées qui se dessinent fréquemment dans ces débats fortement polarisés. Il s’agit dans ce projet d’aborder cette thématique non pas comme une question qui pourrait être résolue à travers une solution unique ou a priori, mais comme un champ de recherche vaste qui doit être étudié empiriquement et dans lequel une gamme variée de modalités d’articulation entre nature et culture est possible.

Le projet LICORNES se déploie autour de deux axes, qui reprennent les deux questionnements évoqués plus haut. Le premier axe propose d’étudier les points de contacts entre nature et culture chez l’être humain, en tenant compte des vues qui sont actuellement développées, chacune de leur côté et avec leurs propres méthodes, par l’anthropologie et la sociologie, d’une part, et la biologie de l’évolution, la psychologie du développement, l’éthologie et les sciences cognitives, d’autre part. Cet axe repose sur trois enquêtes. La première porte sur l’apparition des compétences sociales et culturelles chez les enfants, étudiée au moyen d’une méthodologie qui combine l’expérimentation et l’ethnographie. La seconde propose une discussion théorique du concept de représentation – qui est aujourd’hui au cœur des débats entre les sciences cognitives et les sciences sociales – à partir d’une enquête ethnographique et expérimentale sur les croyances collectives relatives à la diversité et au devenir du vivant. La troisième, enfin, porte sur l’histoire des théories naturalistes.

Le second axe est consacré, quant à lui, à la question de l’étendue des phénomènes culturels dans le monde vivant. Cette question est abordée à travers l’étude des interactions entre les êtres humains et les animaux, plus spécifiquement les chiens. Un tel objet présente un intérêt tout particulier pour la théorie de la culture. Il invite à se demander jusqu’à quel point et en quel sens il peut exister des cultures impliquant des individus d’espèces différentes. Ce faisant, il joue comme un puissant révélateur, directement ou en creux, des critères que l’on peut reconnaître comme centraux dans le phénomène culturel. Il fait ressortir, en particulier, que la dynamique culturelle est fondée ultimement davantage sur l’ajustement social des actions, que sur l’identité des individus et des traits qu’ils se transmettent. Divers outils et méthodes – analyse de conversation, expérimentation, modélisations issues de la génétique des populations, ethnographie – sont mobilisés pour répondre à cette question.

Plus généralement, les recherches menées dans ces deux axes visent à étayer une même hypothèse : les interactions sociales jouent un rôle capital dans l’émergence et l’évolution des phénomènes culturels, car c’est à travers elles que les dispositions psychologiques individuelles, en se combinant et en s’offrant des appuis mutuels, donnent naissance et assurent la perpétuation et la cristallisation des phénomènes que l’anthropologie regroupe classiquement sous le nom de culture.

Coordination du projet

Dominique GUILLO (Université)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LabSo Laboratoire de Sociologie
CJB Centre Jacques Berque pour les études en sciences humaines et sociales

Aide de l'ANR 170 000 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2012 - 36 Mois

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