EMCO - Emotion(s), cognition, comportement

Distorsions du Temps et Emotion – TDE

Résumé de soumission

Pendant plusieurs décennies, le peu de psychologues qui se sont intéressés au temps ont pour l’essentiel étudié les capacités de l’homme à estimer correctement le temps, et ont essayé de montrer que cette capacité repose sur le fonctionnement d’un mécanisme cérébral spécifique, qu'ils ont qualifié d'horloge interne. Toutefois les études en neurosciences n’ont pas réussi à trouver une simple structure cérébrale responsable de l’estimation précise du temps. Les seules structures qui joueraient un rôle critique dans la perception du temps seraient le noyau caudé et le putamen du striatum dorsal. De plus, il a été montré que l’amygdale, dont le rôle dans les processus émotionnels est bien connu, influence le striatum dorsal et le cortex préfrontal directement ou indirectement par l’intermédiaire de structures dopaminergiques. Finalement, le jugement du temps pourrait dériver des émotions dont on fait l’expérience et de leurs effets sur le cerveau. Bien que les modèles d’horloge interne soient encore les modèles dominants de la perception du temps, l’idée commence à émerger selon laquelle le temps ne serait pas traité pas un système spécifique d’horloge interne. Le temps serait une propriété émergeante du fonctionnement de notre cerveau et des états émotionnels dont on fait l’expérience. Dans l’objectif de mieux comprendre le temps psychologique, nous avons donc décidé de changer l’orientation de nos travaux en mettant de côté l’étude des capacités de l’homme à estimer avec précision le temps pour nous centrer sur les distorsions du temps produites par les émotions. Comment, quand et pourquoi l’homme a le sentiment que le temps se dilate ou se contracte sous l’effet des émotions? En d’autres termes, que nous disent les émotions sur le temps? L’étude des distorsions du temps provoquées par les émotions représente en effet une nouvelle voie de recherche pour parvenir à mieux comprendre les jugements temporels et à commencer à reconsidérer les modèles dominants d’horloge interne. Notre projet est donc de réaliser 4 séries de recherches. La première a pour objectif d’obtenir des données qui nous permettraient de valider une nouvelle théorie dite du « grounded time », du temps incarné (Droit-Volet, in press). L’idée sous-jacente au « grounded time » est que les jugements temporels seraient dérivés des états sensorimoteurs et émotionnels dont on fait l’expérience ou que l’on réactive durant les interactions avec notre environnement, notamment social. La seconde série de recherches a pour objectif d’étudier les effets des émotions sur la perception du temps et les mécanismes sous-jacents à ces effets, en étudiant à la fois l’estimation du temps de stimuli émotionnels et l’effet de l’état émotionnel sur la perception du temps. La troisième série de recherches sera réalisée dans une perspective comparative entre les hommes et les animaux, et avec des patients présentant des troubles émotionnels, comme l’anxiété ou la maladie d’Huntington. Finalement, comme les modèles d’horloge interne utilisés pour rendre compte de la perception du temps chez l’homme sont directement dérivés de ceux utilisés chez l’animal, sans examen approfondi des différences entre ces 2 espèces, nous étudierons le rôle des représentations du temps chez l’homme sur la manière dont il évalue le temps. La quatrième série de recherches portera donc sur la métacognition du temps et son impact sur les distorsions du temps. En conclusion, notre projet sur les distorsions temporelles provoquées par les émotions, réalisé dans une perspective comparative, nous permettra de mieux comprendre la spécificité des jugements du temps chez l’homme. Ceci nous permettra également d’élaborer un questionnaire de métacognition du temps favorisant la détection des distorsions pathologiques du "sens du passage du temps" et de mettre au point de nouvelles prises en charge aidant les personnes à reprendre le contrôle sur le flux temporel de leur vie et à améliorer la manière dont elles gèrent le temps.

Coordination du projet

SYLVIE DROIT-VOLET (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, Université Blaise Pascal) – sylvie.droit-volet@univ-bpclermont.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CERCA Centre de Recherche sur la Cognition et l'Apprentissage
LAPSCO Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, Université Blaise Pascal
CNPS Centre de Neurosciences Paris-Sud

Aide de l'ANR 200 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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