Caractériser la dynamique des technologies émergentes – MDET

L’objectif du projet est d’approfondir notre connaissance de l’émergence des nouvelles technologies. Pour ce faire il analysera la formation des communautés de connaissance qui se forment pendant le processus de création de la nouvelle technologies, les transformations institutionnelles qui la permettent et les visions qui la sous-tendent. Comprendre la création de ces communautés est important car elles constituent les structures centrales grâce auxquelles le savoir scientifique est produit, intégré et transformé en effets pratiques. Leur importance est d’autant plus grande que les politiques publiques mettent l’accent sur la croissance tirée par l’innovation et sur la traduction de la science en technologies de rupture.

Les technologies sont développées dans des réseaux distribués plus ou moins alignés. Dans le cas des domaines émergents, les développements technologiques espérés sont souvent rendus difficiles par l’absence d’alignement associée aux incertitudes qui les entourent, et au fait que les chercheurs et les industriels n’ont pas les mêmes visions des bénéfices et limitations/dangers des futures technologies. D’où le rôle des politiques publiques dans la coordination des réseaux qui les supportent. Néanmoins, il n’y a actuellement pas de méthodologie pour examiner la situation des ces communautés de connaissance émergentes dans leurs différentes dimensions. Le projet vise donc à combler cette lacune et caractériser comment ces réseaux se développent et s’alignent (ou pas), pour comprendre :
1) comment les communautés épistémiques émergent,
2) quels sont les mécanismes qui sous-tendent l’intégration de ces communautés,
3) comment le développement de ces communautés peut être accompagné et influencé par les politiques publiques.

Pour répondre à ces questions, nous nous appuierons sur les travaux existants pour construire un cadre théorique et méthodologique destiné à caractériser les processus de construction et d’intégration des communautés. Le projet combine des méthodes quantitatives et qualitatives pour analyser les réseaux cognitifs et sociaux à partir des publications scientifiques, avec des méthodes nouvelles quali-quantitatives de caractérisation des processus d’institutionnalisation et des visions, valeurs et attentes partagées par les chercheurs. Ces techniques nous permettront de mieux comprendre la co-évolution des connaissances et des communautés et la manière dont elles sont influencées par les visions partagées et les cadres institutionnels.

Cette recherche s’appuiera sur 6 études de cas de domaines émergents tous porteurs d’implications potentielles fortes pour la société, comme les nanocristaux pour les cellules photovoltaïques, les ‘lab on a chip’ pour les diagnostics médicaux, ou la logique asynchrone pour la conception des puces. Ces domaines ont été également choisis pour leur couverture transversale des disciplines ou des industries, ce qui facilitera les comparaisons. Ce sont des cas exemplaires du mouvement vers des formes de production des connaissances plus hybrides et plus robustes socialement.

Le projet a l’ambition de faire 3 contributions académiques. Il cherche d’abord à empiriquement enrichir le débat sur les modes de production des connaissances et sur l’intrication grandissante (très différente du modèle post deuxième guerre mondiale) entre science et technologie d’une part, dimensions sociétales de l’autre. Il veut ensuite donner toute leur place aux dimensions institutionnelle et ‘normatives’ (les visions) dans la construction des technologies et des communautés épistémiques qui les sous-tendent. Il doit permettre enfin d’approfondir le rôle des politiques publiques et la compositon du portefeuille des instruments adaptés pour favoriser l’émergence des nouvelles technologies. L’importance pratique de ce dernier point nous a conduit à consacrer 2 tâches spécifiques au développement des outils et aux implications politiques des résultats.