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Le cinéma en Union soviétique et la guerre, 1939-1949 – CINESOV

La multiplicité des supports et des sources, tout comme la diversité des horizons et disciplines des partenaires empêchent que soit proposée une approche méthodologique uniforme et homogène. Bien au contraire, nous avançons la nécessité d’un périmètre méthodologique varié. Seule une combinaison des approches permettra en effet de répondre à l’ensemble des ambitions formulées. Outre l’approche politique, le projet associera pour cela de l’histoire sociale (parcours personnels et fonctionnement des studios durant le conflit et dans l’après-guerre) à de l’histoire économique chiffrée (évaluation des apports du Prêt-bail et des saisies, compréhension des choix de distribution). De même, l’histoire institutionnelle, avec ses sources spécifiques, sera associée à la lecture des images, mais également à l’analyse fine des textes lorsqu’il s’agira d’examiner le parcours d’un film depuis la commande jusqu’à sa réception critique. Ce type d’étude pourra faire appel aux méthodes de l’analyse génétique, afin de reconstruire minutieusement les différentes étapes d’une production depuis le projet jusqu’à son achèvement, sans s’interdire le recours à des sources « exogènes », ou à une analyse narratologique si celle-ci permet une meilleure compréhension des documents filmiques produits. En ce sens, le projet s’inscrit dans une perspective d’histoire culturelle au sens large, telle que la pratique aujourd’hui pour le cinéma un nombre croissant d’historiens du XXe siècle. Cette démarche implique d’envisager le phénomène cinématographique dans sa globalité : d’une part dans sa dimension socialisée (de la création à la réception), d’autre part sans se limiter aux seules productions « nobles », traditionnellement dignes du regard de l’historien de l’art. De plus, l’objet « film » ne sera pas seul au centre des travaux engagés, mais placé dans un réseau d’enjeux sociaux, économiques, politiques et culturels qui impliquent tant l’URSS que ses alliés et ennemis entre 1939 et 1949.

Renouvellement de la vision de la Shoah à l'Est grâce à l'exposition au Mémorial de la Shoah dont les retombées sont encore à attendre. Plus ponctuellement, identification d'un grand nombre d'images inconnues (par croisement de plusieurs sources film et non film) et, sur des objets plus connus (films sur Auschwitz et Maidanek), apports historiographiques majeurs : identification des opérateurs, chronologie des prises de vues, conditions de tournage, etc. Soumission de deux projets à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah par deux membres de CINESOV (Victor Barbat, doctorant) et Vanessa Voisin (post-doctorante CINESOV) pour approfondir les résultats de l'exposition. Nombre d'interviews TV et radio et d'articles de presse (papier et en ligne) parus en France et à l'étranger (un dossier de presse complet est en cours d'élaboration).

Renouvellement de l'historiographie sur le cinéma soviétique en guerre, particulièrement sur les points suivants : studios évacués, production documentaire, films de formation militaire ou de mobilisation, histoire des techniques et des transferts avec les Alliés, production et programmation cinématographique dans les zones occupées par les Allemands, saisies et spoliations de matériel et de films à partir de 1945.

Meilleure visibilité des travaux français sur l'histoire du cinéma soviétique et sur l'histoire de la Shoah à l'Est auprès des communautés scientifiques en Allemagne, Russie et pays d'ex-URSS, Grande-Bretagne et Etats-Unis. Activisation d'un réseau par invitations de membres de CINESOV pour des conférences ou communications à l'étranger et de collègues étrangers (US, Russie, Ukraine, Allemagne, Grande-Bretagne) pour des manifestations ou présentations organisées par Cinesov.

Circulation de l'exposition «Filmer la guerre: les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946) à l'étranger. Possibilités en Russie, Ukraine, Allemagne, Pays baltes, Etats-Unis. Aucun projet n'est encore formalisé.

Mise sur pied d'un projet de recherche européen (Allemagne, France, Russie, Pologne, Tchécoslovaquie...) sur les saisies et spoliations de films et de matériel durant la guerre et dans l'immédiate après-guerre.

- Séminaire régulier (tous les deux mois minimum) des membres de l'ANR.
- Journées d'études décembre 2013 en vue de la préparation de l'exposition au Mémorial de la Shoah.
-Exposition au Mémorial de la Shoah (janvier-septembre 2015):« Filmer la guerre, les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946)« + catalogue (à paraître en avril 2015).
- Cycle de projections/conférences autour de l'Exposition.
- Colloque international Juin 2014 (Moscou) sur les Studios en guerre. Publication en russe (éditeur Rosspèn, Moscou) en cours.
- Colloque international Mars 2015 (Toulouse) sur la Propagande de guerre + Rétrospective de films soviétiques 1941-1946 à la Cinémathèque de Toulouse. Publication prévue dans un numéro de Conserveries mémorielles.
- Colloque international conclusif (Strasbourg) et publication d'un ouvrage (éditeur AFRHC, Paris).
- Base de données en ligne sur les productions de guerre soviétiques, avec extraits en ligne + quelques itinéraires de cinéastes.
- Numéro de la revue Contextes consacré aux saisies et spoliations dans le cinéma (en cours).
- Coffret DVD accompagné d'un livret.

Résumé de soumission

Si le rôle du cinéma comme arme de mobilisation dans la Seconde Guerre mondiale, puis comme média privilégié de narration du conflit n’est plus à démontrer, notre connaissance des variations nationales souffre d’un déséquilibre. Les industries hollywoodienne, britannique, française, allemande ou italienne ont déjà fait l’objet de travaux sur l’organisation économique, les productions et leurs modes de diffusion ou de réception. C’est loin d’être le cas de leur homologue soviétique, en dépit d’avancées récentes. En s’appuyant sur un corpus de films dépassant les quelques fictions toujours citées en exemple et incluant documentaires, actualités et films d’animation, ce programme de recherche propose de retracer une étape cruciale du développement de l’une des cinématographies mondiales les plus significatives. Au-delà, il s’agit d’interroger le statut du cinéma dans un système de propagande qualifié de « totalitaire », et d’étudier une période spécifique de l’histoire soviétique en plein renouvellement historiographique.
L’ambition de ce programme tient à la démarche associant histoire politique et histoire du cinéma, où archives papier et archives films seront traitées sur un pied d’égalité. L’histoire du cinéma implique de déterminer précisément les mécanismes industriels et commerciaux, les processus culturels et sociaux qui fondent un système complexe de production, de diffusion et de réception de l’image filmique sur un territoire vaste où s’emboîtent les échelles. L’analyse des images doit s’appuyer sur la connaissance approfondie de leur contexte d’élaboration.
Le projet consiste d’abord à établir un inventaire des productions (fictions et documentaires) de la guerre et de l’immédiat après-guerre qui codifient le récit du conflit. Ce travail de recensement s’accompagnera d’une analyse de la politique cinématographique soviétique dans ses implications économiques et sociales. On étudiera les instances de décision et de censure, mais aussi quatre studios représentatifs des évolutions connues entre 1939 et 1949. Enfin on retracera les itinéraires de quelques professionnels mobilisés pour offrir aux spectateurs du front et de l’arrière un reflet du conflit en cours. Ces tâches de recensement et d’histoire institutionnelle, au cœur du programme de recherche, constituent le préalable à une analyse constructive des images filmiques. Les productions seront examinées du point de vue de la mise en scène de la société plongée dans la guerre et de la représentation de la mort à l’écran. Les stratégies d’exclusion sociale et d’héroïsation par l’image, expérimentées au cours des années 1930, s’adaptent plus ou moins facilement aux circonstances (défaite, puis victoire). Par son ampleur et la spécificité du cas des populations juives, la mort de masse connaît des inflexions propres à l’Union soviétique, qui se retrouvent dans le traitement politique et cinématographique des « atrocités » de l’ennemi ou de la Shoah.
Le second axe analysera les usages de ces images dans le cadre d’une guerre des propagandes qui prend pour cible tant le public soviétique que l’audience internationale. La réévaluation du rôle du peuple russe dans l’histoire mondiale et soviétique se situe en effet au cœur d’une minutieuse organisation de la diffusion et des réceptions des images produites en URSS. Au sortir de la guerre, l’introduction de films trophées étrangers sur un marché fermé depuis une décennie contredit toutefois cette propagande omniprésente. Le programme de recherche se conclura ainsi par une inédite histoire entrecroisée franco-germano-soviétique des saisies industrielles et des spoliations cinématographiques.

Coordination du projet

Valérie POZNER (Atelier de recherche sur l'intermédialité et les arts du spectacle) – VPozner@free.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ARIAS Atelier de recherche sur l'intermédialité et les arts du spectacle
ARCHE Arts, Civilisation et Histoire de l'Europe
CEFR CENTRE D'ETUDES FRANCO-RUSSE MOSCOU

Aide de l'ANR 235 560 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2012 - 36 Mois

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