DS08 - Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives

Rapports hommes-femmes au Néolithique : biologie, sociétés, symboles – NEOGENRE

Résumé de soumission

Le « genre » est un concept utilisé en sciences sociales pour appréhender les rapports sociaux hommes-femmes. Facteurs universels de structuration sociale, les modalités d’expression du genre sont par définition extrêmement variables. Elles constituent en ce sens un outil pertinent de caractérisation des sociétés humaines à travers l’espace et le temps.
Le projet NEOGENRE vise à éclairer le rôle du dimorphisme sexuel dans le fonctionnement des populations néolithiques européennes, parmi les premières sociétés complexes, ostensiblement hiérarchiques (Ve millénaire av. J.-C.). En documentant les rapports hommes-femmes sur le plan biologique, social et symbolique, l’objectif du projet est double. Sur le plan sociétal, il vise d’abord à caractériser les modalités de différenciation du genre. Sur le plan anthropobiologique, son objectif est aussi d’évaluer la variabilité inter-populationnelle du dimorphisme sexuel en fonction des contraintes environnementales, naturelles et culturelles.
Pour être fructueuse, la problématique du genre en archéologie doit selon nous adopter une démarche holistique. Les différentes dimensions analytiques du rapport hommes-femmes, telles qu’explorées par les Gender studies, doivent être mobilisées, afin d’aborder les notions d’inégalité et de rapport de force que recouvrent le concept. En ce sens, le projet NEOGENRE aspire à étudier les manifestations de la différence et s’ouvre à des domaines variés des sociétés néolithiques, tels que l’idéologie, le pouvoir, les activités, l’alimentation, la santé.
En mettant à la base des interprétations l’analyse complète et solide de l’objet archéologique (artefacts et vestiges humains), la méthodologie retenue relève de la bio-archéologie. Il s’agit d’une approche combinée et statistique de variables biologiques et culturelles, extraits en amonts par des outils d’investigation adaptés. L’analyse des restes humains sera intégrative (morphologique, paléopathologique, isotopique et paléogénétique) et les données culturelles, adossées aux contextes funéraires, seront tirées de l’analyse spécialisée et directe des sépultures et du mobilier.
Deux populations-cibles, relevant de contextes archéologiques parfaitement maitrisés et adapté à la problématique au vu de résultats préliminaires, sont retenues dans ce projet. Les corpus (de 160 et 120 individus) datent du Ve millénaire avant notre ère. L’un provient du Bassin parisien, dans le contexte des premières sépultures monumentales d’Europe, l’autre, dans le bassin rhénan, est issu de sépultures plus simples, ou « plates ». Le projet réuni un consortium pluridisciplinaire, dont les expertises théoriques, méthodologiques et techniques abordent les trois facettes structurelles du programme scientifique : l’Homme biologique, les sociétés néolithiques et les études de genre.
Le programme NEOGENRE permettra de quantifier l’ampleur et la variabilité inter-populationnelle des différences biologiques entre les hommes et les femmes (taille, morphologie, pathologie) en fonction du caractère égalitaire ou non des comportements alimentaires, des activités physiques, des conditions sanitaires ou encore de la mobilité résidentielle au cours de la vie. Ces données, susceptibles d’éclairer la nature des pressions de sélection mises en jeu dans l’expression phénotypique du dimorphisme sexuel, permettront de discuter des « coûts biologiques » induits par des pratiques sociales inégalitaires, approche évolutive sociobiologique inédite sur du matériel archéologique. Par ailleurs, en proposant une réflexion sur la représentation et les rapports sociaux entre les sexes, en répertoriant ce qui définit le masculin et le féminin dans les sociétés néolithiques, le projet aspire à produire de manière fiable, une profondeur préhistorique aux interprétations relevant des études de genre.

Coordination du projet

Aline THOMAS (Muséum National d'Histoire Naturelle)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

MNHN - UMR 7206 EAE Muséum National d'Histoire Naturelle

Aide de l'ANR 247 273 euros
Début et durée du projet scientifique : mars 2018 - 36 Mois

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