Stratégies de transmission des parasites à vecteur : variation génétique, plasticité phénotypique et conséquences pour les mesures de contrôle – STORM

Récemment, les maladies transmises par les moustiques, tel que le paludisme, ont démontré une capacité croissante à s’étendre à de nouvelles zones géographiques. Évaluer le risque d'émergence et de propagation de ces maladies nécessite une bonne connaissance des contributions génétiques et environnementales aux traits parasitaires impliqués dans la transmission. Malgré l’importance médicale de ces maladies, les sources de variation génétique et environnementale observées pour la durée de développement du parasite dans le moustique sont actuellement inconnues. Ce manque de connaissance doit être comblé afin d'obtenir une vision complète de l'écologie et de l'évolution des stratégies de transmission de ces parasites. Ce projet quantifiera l'importance relative des déterminants environnementaux et génétiques des stratégies de transmission de Plasmodium falciparum, parasite responsable de la forme sévère de paludisme humain, au sein de deux vecteurs majeurs : Anopheles gambiae et An. coluzzii. Les moustiques seront infectés expérimentalement en conditions contrôlées avec des isolats naturels du parasite. Ainsi, ce projet déterminera pour la première fois si la durée de développement du parasite varient en fonction :
(i) de la génétique du parasite (est-ce que certains isolats parasitaires se développent plus vite que d’autres ?)
(ii) de la génétique du moustique (est-ce que certaines espèces/lignées isofemelles de moustiques freinent/accélèrent le développement parasitaire ?)
(iii) d’interactions génétique entre le moustique et le parasite (est-ce que certains isolats se développent plus vite seulement dans certaines espèces/lignées de moustiques)
(iv) de l’âge du moustique (est-ce que le parasite peut accélérer son développement lorsqu’il se retrouve dans un vieux moustique ?)
(v) de l’exposition des vecteurs à des doses sublétales d’insecticide (est-ce que le parasite peut accélérer son développement lorsqu’il se retrouve dans un moustique dont la perspective de survie est réduite ?)
(vi) de la présence d’autres parasites (est-ce que le parasite peut accélérer son développement lorsqu’il se retrouve dans un moustique déjà infecté par P. falciparum ?).
Les associations avec la longévité du vecteur ainsi que d'autres caractères liés à la valeur sélective du moustique et du parasite (fécondité, charge parasitaire) seront également identifiés (est-ce que les parasites qui se développent les plus vite sont aussi ceux qui sont les plus virulents i.e. induisent la plus forte réduction de longévité chez les vecteurs ? Est-ce que les parasites qui se développement les plus vite sont aussi ceux qui produisent le moins de stades transmissibles ? etc.). Enfin, des modèles mathématiques seront alimentés avec les données expérimentales produites afin d’évaluer (i) la manière dont les influences génétiques et environnementales sur les stratégies de transmission du parasite façonne la dynamique de la maladie et (ii) comment les programmes de lutte peuvent influencer l'évolution des stratégies de transmission de ce parasite. Au-delà de son intérêt fondamental, ce projet fournira des renseignements importants sur la lutte contre le paludisme, qui reste une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. J'effectuerai cette recherche au sein de l’unité MIVEGEC à Montpellier et à l’IRSS à Bobo Dioulasso, Burkina Faso.