DS0805 - Droit, démocratie, gouvernance et nouveaux référentiels

Habiter: la part de l'être – HAPARÊTRE

HAPARÊTRE - Habiter: la part de l'être

HAPARÊTRE entend explorer les liens entre habiter et participer, en faisant l’hypothèse que ce n’est pas un habiter a priori qui devrait fonder la sollicitation à participer ; pas plus qu’à l’inverse, ce n’est un principe externe de bonne pratique de gouvernance qui requiert une participation des habitants. Il s’agit de mettre à l’épreuve l’hypothèse qu’habiter et participer émergent conjointement et contribuent à doter les agents qui y prennent part d’une consistance spéciale.

Habiter - participer - être

L’enjeu est de se donner les moyens descriptifs de qualifier cet apport : un habiter vis-à-vis duquel on se sent responsable du fait d’avoir pris part aux conditions et au processus de sa formation ; plus encore, un habiter dont on est ontologiquement partie prenante au sens où il constitue lui-même la condition et le cadre pour un certain mode d’existence. Ainsi s’entend HAPARÊTRE : comme l’exploration ethnographique fine du couplage habiter / participer, et sa conséquence : l’adjonction d’un troisième terme, exister (être).<br />HAPARÊTRE fait l’hypothèse de leur construction conjointe et située dans le temps des explorations menées ici ou là sur ce que c’est que d’« habiter ici » ; et qu’il est une participation immanente à l’habiter pour autant que certains habitats constituent la condition et le cadre de modes d’existence.<br />En déportant la problématique de la participation dans des situations d’habitat adapté, où l’accent est d’abord mis sur un projet général d’autonomie, HAPARÊTRE invite à être attentif à la charge politique de micro-agencements où s’élaborent et s’expérimentent du droit, de la responsabilité, de la solidarité. Bien plus, il amène à considérer la vulnérabilité autrement que comme un point d’appui pour un travail d’empowerment et d’autonomisation d’un sujet (politique). En retour, emprunter la problématique de l’habiter pour revisiter le champ de la participation permet de réintroduire du temps biographique et de la durée, dimensions qui sont le plus souvent absentes de scènes participatives vouées au présentisme. <br />De la confrontation croisée entre ces deux problématiques et ces deux séries de terrains, il est finalement attendu une contribution significative à la question politique et ontologique de la catégorie « habitants » appréhendée comme entité collective et pas seulement comme une entité nominale.

En termes méthodologiques et disciplinaires, HAPARÊTRE fait le pari d’une part d’investigations qualitatives au plus près des phénomènes, d’autre part de la nécessité de croiser terrains et disciplines, donc les méthodes d’enquête. C’est dire déjà que la dominante – et conviction – méthodologique du projet est ethnographique, sous toutes ses formes et déclinaisons disciplinaires : sociologique, architecturale, anthropologique, mais aussi géographique ou philosophique. C’est dire encore qu’une des originalités de ce projet tient à sa conviction dans le caractère heuristique du croisement des expériences de recherche, dès la phase de terrain. Les différents membres de l’équipe ne se cantonnent pas chacun à leur terrain d’investigation, mais viennent se confronter à ceux des autres. Pour accompagner cet investissement ethnographique dense et croisé, HAPARÊTRE met en place divers dispositifs d’analyse et de partage, à commencer par un séminaire bimestriel qui court sur les 36 mois de la recherche.
Une première série d’enquêtes observe cette participation au plus près de l’ordinaire de l’habiter en prenant pour objet des situations où l’habiter ne va pas de soi : habiter des appartements adaptés pour infirmes moteurs cérébraux ; habiter des maisons de fin de vie. Une seconde série d’enquêtes examine des expériences plus proprement participatives : construire ensemble, habitants et architectes ; tracer la mémoire d’un quartier après une grande opération de réaménagement urbain.

Pour rendre compte des activités d’HAPARÊTRE, nous avons choisi de mettre en avant ces différents éléments (sans hiérarchie) :

1/ Organisation d’une Journée d’Etude autour du cinéma le 9 décembre 2016, Cinémathèque de Grenoble : visionnages et discussions collectives autour de plusieurs films, avec pour invitée Fleur Courtois-L’Heureux (philosophe et cinéaste, ULB)

2/ Premières publications en lien avec les terrains d’enquête :
_ Michel Peroni, « A quoi tient la vie (plus) ordinaire des résidents du Petit Chêne ? », Communication au Colloque international Normale ou ordinaire, accomplie ou autonome ? La vie et ses formes pour les personnes souffrant d’un trouble mental chronique dans et après la psychiatrie, Bruxelles, 8-11 septembre 2016
_ Laure Brayer & Anthony Pecqueux, « Le «Parlons-en« comme espace de circulation », Communication au Colloque International La démocratie participative et délibérative : refoulement ou formalisation des émotions ?, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 16-17 juin 2016.

3/ Séminaire public, 4 séances par an, 8 au total (voir plus haut ; la troisième saison en cours de programmation). Liste des invité.e.s jusqu’à présent : Gaspard Lion, Jérémy Gravayat, Judith Le Maire et Jean-Louis Genard (saison 1, 2015) ; Carole Gayet-Viaud, Albert Piette, Nicolas Marquis, Perrine Poupin (saison 2, 2016)

4/ Séminaire ORSPERE-SAMDARRA (2015-2017) : Le calendrier de ce séminaire de recherche, « Habiter », s’est calé sur le calendrier d’HAPARÊTRE et vient alimenter sa propre réflexion sur la notion d’« habiter ». 3 séances en 2015, 2 en 2016 ; liste des invité.e.s jusqu’à présent : Adrien Pichon, Mathilde Sorba, Guillaume Rebollar, Christian Laval et Gabriel Uribelarrea.

Sur le plan théorique, HAPARÊTRE se démarque des travaux sur la participation des habitants en ce qu’il ne vise pas à constater ou à déplorer l’échec des dispositifs institutionnels de participation. Mais HAPARÊTRE ne cherchera pas davantage à nuancer ces critiques en s’engageant dans la définition des conditions de la pleine et heureuse participation des habitants ou de tout autre être appelé à participer.
Le parti pris d’HAPARÊTRE est plus radical en ce qu’il remet en cause le postulat suivant lequel la teneur politique de l’habiter résulte de l’ouverture d’une scène participationniste et d’un droit qui est ainsi dévolu à l’habitant. Une telle perspective revient à poser le problème en termes de politisation de l’habiter. HAPARÊTRE considère bien plutôt qu’il y a lieu d’examiner comment du politique est susceptible d’advenir dans le geste même d’habiter, dans des liens qui se tissent entre des êtres et leur environnement, et, de là qu’il y a une politicité immanente à l’habiter, le plus souvent méconnue.
Un premier mouvement examine comment cette politicité ne s’énonce pas nécessairement dans les termes d’une politique, qu’elle n’est pas nécessairement le fait de personnes engagées politiquement. La participation sera ainsi saisie au plus près de l’ordinaire de l’habiter.
Cette attention prêtée à la politicité immanente à l’habiter permet, dans un second mouvement, de revisiter les dispositifs institutionnels de participation. À cette occasion, HAPARÊTRE interroge la manière dont ceux-ci performent de l’habiter et de l’habitant; et la manière dont certains d’entre eux échappent en partie à ce cadre et se font déborder. HAPARÊTRE fait ici l’hypothèse de ce que, dès lors que la question de savoir « qui » peut participer n’est pas un préalable à la politique mais son objet même. Le vivre-ensemble n’est plus seulement objet de discussions mais relève d’un faire ; la démocratie n’est plus seulement affaire de délibération, elle prend un tour praxéologique.

1/ Laure Brayer & Anthony Pecqueux (2017 à paraître), « Le «Parlons-en« comme espace de circulation », in Loïc Blondiaux, Christophe Traïni (dir.), La démocratie participative et délibérative : refoulement ou formalisation des émotions ?, Paris, Presses de Sciences Po.
2/ Céline Bonicco-Donato, 2016, « De l’aménagement des milieux à la technologie ambiantale du pouvoir », in Ambiances demain, vol. 2, sous la dir. de Nicolas Rémy et Nicolas Tixier
3/ Michel Peroni, « A quoi tient la vie (plus) ordinaire des résidents du Petit Chêne ? », Communication au Colloque international Normale ou ordinaire, accomplie ou autonome ? La vie et ses formes pour les personnes souffrant d’un trouble mental chronique dans et après la psychiatrie, Bruxelles, 8-11 septembre 2016 (+discutant de l'Atelier «Au-delà du thérapeutique : Que faire du « social » en psychiatrie ?«)
4/ Thomas, Rachel (2016). « Embodying pacification processes. The case of the Brazilian urban public spaces » in Annual Meeting of the Association of American Geographers, session « Affect, Politics, and the Spaces of Embodied Practice », San Francisco, 29 mars – 2 avril 2016
5/ Rainer Kazig, « Everyday aesthetics of the urban sphere: an ethical problem? ». In: Session on «Geographies of ethics and the urban: care, habit, phronosis (II)«, AAG Annual Meeting , San Francisco, 29/3/2016
6/ Anthony Pecqueux, 2016, « (Faire) participer ? Engagement des personnes dans les projets culturels et urbains », Colloque Nouvelles dynamiques pour la recherche urbaine, CNRS / MCC, Paris, 22 avril 2016.

HAPARÊTRE entend explorer les liens entre habiter et participer, à partir de terrains d’enquêtes ethnographiques contrastés et en faisant l’hypothèse que ce n’est pas un habiter a priori – entendu comme un état de fait – qui devrait fonder la sollicitation à participer ; pas plus qu’à l’inverse, ce n’est un principe externe de « bonne pratique » de gouvernance qui requiert une participation des habitants. En somme, il s’agit de mettre à l’épreuve l’hypothèse qu’habiter et participer émergent conjointement et contribuent ainsi à doter les agents qui y prennent part d’une consistance spéciale. L’enjeu est de se donner les moyens descriptifs de qualifier cet apport : un habiter vis-à-vis duquel on se sent responsable du fait d’avoir pris part aux conditions et au processus de sa formation ; plus encore, un habiter dont on est ontologiquement partie prenante au sens où il constitue lui-même la condition et le cadre pour un certain mode d’existence. Ainsi s’entend HAPARÊTRE : comme l’exploration ethnographique fine du couplage habiter / participer, et sa conséquence : l’adjonction d’un troisième terme, exister (être).
HAPARÊTRE fait l’hypothèse de leur construction conjointe et située dans le temps des explorations menées ici ou là sur ce que c’est que d’« habiter ici » ; et qu’il est une participation immanente à l’habiter pour autant que certains habitats constituent la condition et le cadre de modes d’existence. Une première série d’enquêtes observe cette participation au plus près de l’ordinaire de l’habiter en prenant pour objet des situations où l’habiter ne va pas de soi : habiter des appartements adaptés pour infirmes moteurs cérébraux ; habiter des maisons de fin de vie. Une seconde série d’enquêtes examine des expériences plus proprement participatives : construire ensemble, habitants et architectes ; tracer la mémoire d’un quartier après une grande opération de réaménagement urbain.
En déportant la problématique de la participation dans des situations d’habitat adapté, où l’accent est d’abord mis sur un projet général d’autonomie, HAPARÊTRE invite à être attentif à la charge politique de micro-agencements où s’élaborent et s’expérimentent du droit, de la responsabilité, de la solidarité. Bien plus, il amène à considérer la vulnérabilité autrement que comme un point d’appui pour un travail d’empowerment et d’autonomisation d’un sujet (politique). En retour, emprunter la problématique de l’habiter pour revisiter le champ de la participation permet de réintroduire du temps biographique et de la durée, dimensions qui sont le plus souvent absentes de scènes participatives vouées au présentisme.
De la confrontation croisée entre ces deux problématiques et ces deux séries de terrains, il est finalement attendu une contribution significative à la question politique et ontologique de la catégorie « habitants » appréhendée comme entité collective et pas seulement comme une entité nominale (qui désigne alors une collection d’habitants).
En termes méthodologiques et disciplinaires, HAPARÊTRE fait le pari d’une part d’investigations qualitatives au plus près des phénomènes, d’autre part de la nécessité de croiser terrains et disciplines, donc les méthodes d’enquête. C’est dire déjà que la dominante – et conviction – méthodologique du projet est ethnographique, sous toutes ses formes et déclinaisons disciplinaires : sociologique, architecturale, anthropologique, mais aussi géographique ou philosophique. C’est dire encore qu’une des originalités de ce projet tient à sa conviction dans le caractère heuristique du croisement des expériences de recherche, dès la phase de terrain. Les différents membres de l’équipe ne se cantonnent pas chacun à leur terrain d’investigation, mais viennent se confronter à ceux des autres. Pour accompagner cet investissement ethnographique dense et croisé, HAPARÊTRE met en place divers dispositifs d’analyse et de partage, à commencer par un séminaire bimestriel qui court sur les 36 mois de la recherche.

Coordination du projet

Anthony Pecqueux (Ambiances Architecturales et Urbaines UMR 1563)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

AAU Ambiances Architecturales et Urbaines UMR 1563

Aide de l'ANR 278 707 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 36 Mois

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