DS0603 - Mobilité durable et systèmes de transport

Les Risques Emergents de la mobilité Durable – RED

Les risques émergents de la mobilité durable

L’hypothèse générale du projet RED est que la grandeur de la justification écologique relègue au rang d’impensés les dysfonctionnements induits par les politiques de mobilité durable.<br />C'est pourquoi le projet RED vise à produire des connaissances sur les risques émergents des politiques de mobilité durable, à travailler la question de la représentation et de la modélisation de ces risques, à favoriser leur intégration dans l'action publique.

Enjeux et objectifs

Freiner le système automobile et promouvoir des alternatives pour s’orienter vers un système de transport et de déplacements moins émetteur de gaz à effet de serre est désormais une priorité politique affichée à toutes les échelles de gouvernement (local, national, international). <br />La prise en charge de cet enjeu consensuel a d’ores et déjà produit des inflexions notables de politiques publiques : réduction de la place de l’automobile dans certains espaces urbains, promotion de la marche à pied et du vélo, renouveau des objets du transport public.<br />Ces inflexions, légitimes au regard de la nécessaire transition énergétique et écologique de nos sociétés occidentales urbaines, peuvent cependant générer de nouveaux dysfonctionnements : difficulté de compréhension des espaces réaménagés et nouvelles catégories d’accidents de la circulation (couloirs de bus, tramway/piéton par exemple), restriction d’accès à certains espaces urbains (ZAPA, péage urbain) et développement induit de nouveaux usages (deux-roues motorisés), intensification de la spécialisation sociale intra-urbaine liée au développement spatialement sélectif des « quartiers verts » et autres « quartiers tranquilles ». <br /><br />Dans ce contexte, le projet RED est porteur d’une triple ambition : <br />• Produire des connaissances sur les risques émergents et les nouvelles vulnérabilités, peu investigués, induites par les politiques publiques de mobilité durable (volet A). <br />• Travailler la question de la perception des risques, des représentations et de la modélisation de ces nouveaux risques (volet B) <br />• Identifier les verrous organisationnels et politiques qui freinent l’inscription des risques de la mobilité durable sur les agendas politiques et dans la gestion publique territoriale (volet C).<br />Pour chacun de ces volets, des opérations de recherche spécifiques mais coordonnées sont programmées.

L’originalité du projet RED consiste à combiner des méthodologies issues de différentes disciplines (urbanisme, géographie, accidentologie, psychologie sociale, science politique) sur un même objet.
L’analyse des risques objectifs émergents de la mobilité durable s’appuiera sur :
• le traitement de grandes bases de données (Données INSEE, Enquête Ménage Déplacement, fichier national des accidents, procès-verbaux d’accidents, Etudes Détaillées d’Accidents et scénarios-types d’accidents) et leur croisement sur certains territoires (notamment CU de Lille).
• sur une cartographie fine de ces données permettant l’analyse spatiale des risques. Cette modélisation fera appel à des développements dans des SIG dynamiques mobilisant la géomatique.
• Parallèlement, l’analyse des risques perçus par les usagers et les concepteurs de voiries et d’espaces publics s’appuiera sur un recueil de données qualitatives (entretiens, questionnaires, observations in situ) et sur leur traitement statistique.
• Enfin, la question de la place et du traitement des risques de la mobilité durable dans l’action publique sera renseignée par l’analyse des discours et des chaines argumentaires des acteurs : professions de foi accompagnant les campagnes électorales, plaquettes de communication accompagnant les documents de planification, plaquettes présentant les projets menés au nom de la mobilité durable mais aussi entretiens avec des experts territoriaux possédant une grande connaissance, non « modélisée » et peu exportable, de leur territoire et de ses risques.

Présentation synthétique des axes du projet :

Volet A. Nouveaux usages, nouveaux usagers, nouveaux risques
A1. Risques émergents liés au développement des transports en commun en site propre (T. Brenac)
A2. Les motocycles à usage métropolitain : insoutenables ? (N. Clabaux)
A3. Modes alternatifs à la voiture et accidents nocturnes (M.C. Montel)
A4. La sélectivité spatiale des aménagements de la mobilité durable (T. St Gérand)
A5. Les nouveaux espaces de la performance économique métropolitaine : favorables à la mobilité durable ? (E. Propeck)
A6. La mobilité durable au risque de la sélectivité sociale des politiques urbaines de transport et de déplacement (F. Guillot)

Volet B. Perceptions et représentations des risques émergents de la mobilité durable
B1. Modes actifs, perception du risque et représentations des règles routières : quelle influence du mode ? (M.A. Granié)
B2. Représentations croisées des automobilistes et des piétons sur des environnements de voirie (M.C. Montel)
B3. Ambivalences et risques des projets de semi-piétonisation : la perception des concepteurs et des planificateurs (F. Hernandez)
B4.Mobilité durable et reports de trafic. Le point de vue des concepteurs et planificateurs (H. Reigner)

Volet C. Action publique et intégration des nouveaux risques de la mobilité durable dans la gestion urbaine
C1. Place et traitement des enjeux de mobilité sûre et durable dans les agendas politiques locaux (H. Reigner).
C2. Les risques de la mobilité durable dans les interstices des métiers de la production urbaine (F. Hernandez).
C3. Concilier durabilité, compétitivité et attractivité/accessibilité des territoires dans la ville des flux. Vers un outil de diagnostic territorial. (E. Propeck)
C4. L’outil CRITERE. Du prototype à son développement (T. St Gérand)

L’ambition du projet est de produire des connaissances sur les risques émergents de la mobilité durable pour une meilleure prise en compte de ces risques dans l’action publique, notamment dans l’action publique territoriale et urbaine. Cette ambition implique de produire des connaissances sur les risques objectifs émergents. Mais ce n’est pas une condition suffisante. C’est pourquoi le projet RED entend coupler la connaissance des risques objectifs avec celle des verrous organisationnels et politiques qui peuvent freinent leur inscription sur les agendas politiques et leur prise en compte dans la gestion publique territoriale. Ce couplage est nécessaire pour que la connaissance scientifique produite puisse se matérialiser dans des outils d’aide à la décision publique appropriables par les acteurs qui font ces politiques publiques.

CLABAUX N., FOURNIER J.Y. et J.E. MICHEL (2015) « Risques et processus d'accidents de la circulation liés à l'aménagement latéral des voies réservées aux bus », dans : S. Gaymard et T. Tiplica (Coord.), Sécurité des déplacements, protection des usagers et de l'environnement – Maîtrise des risques et prévention, tome 1, p.115-124.

CLAUX M. (2016), « Réguler le stationnement en ville. Quels sont les coûts sociaux et environnementaux de l’attractivité urbaine ? », Flux, à paraître.

GRANIE, M.-A. (à paraître). Représentations sociales et sécurité routière. Analyse diachronique et synchronique des stabilités et des changements dans les contenus représentationnels. In G. Lo Monaco, S. Delouvée & P. Rateau (Eds.), Les représentations sociales. Théories, méthodes et applications. Bruxelles: de Boeck.

KAHN R. (2016), « La conception européenne du développement durable : volontariste, optimiste et marchéiste » in Bulletin de l’OPEE n°33, hiver 2015-2016, pp.15-22.

MAITRE E. (2015) « Public spaces re-designed for trams in French cities : safety concerns », Advances in Transportation Studies, vol. 37, p. 119-128.

PROPECK-ZIMMERMANN E., SAINT-GERAND T., MEDJKANE M. (2016) Allier analyse géographique et expertise locale dans un système d'information pour fonder une stratégie territoriale de sécurité routière, Revue Internationale de Géomatique, à paraître

FOURNIER J.Y., CLABAUX N.et T. BRENAC (à paraître) « Sécurité des piétons dans les rues équipées de couloirs réservés aux bus », Recherche Transports Sécurité.

REIGNER H. (2016), “Neoliberal Rationality and Neohygienist Morality. A Foucaldian Analysis of Safe and Sustainable Urban Transport Policies in France, Territory, Politics, Governance, May.

SAINT-GÉRAND T., MEDJKANE M., BENSAID A., FLEURY D., PEYTAVIN J.F., PROPECK-ZIMMMERMANN E., BOUZID M. (2014) «Conceptualizing road safety management through territorialized complex system: context and goals«, TRA 2014, 14-17 Apr, Paris La Défense.

Les inflexions contemporaines des politiques urbaines en faveur de la mobilité durable, légitimes au regard de la nécessaire transition écologique, semblent générer de nouveaux dysfonctionnements : difficulté de lecture des espaces réaménagés pour les trams et bus en site propre, nouveaux types d’accidents (tram/piéton), restriction d’accès à certains espaces urbains (tarification) et développement de nouveaux usages (deux-roues motorisés), développement spatialement sélectif des quartiers “verts” et “apaisés”.

L’hypothèse générale du projet est que la grandeur de la justification écologique relègue au rang d’impensés les dysfonctionnements induits par les politiques de mobilité durable. Dans ce contexte, le projet RED vise à produire des connaissances sur les risques émergents des politiques de mobilité durable, à travailler la question de la représentation et de la modélisation de ces risques, à favoriser leur intégration dans l'action publique.

S’inscrivant clairement dans l’axe 3.6.3 (mobilité durable et systèmes de transport) du plan d’action de l’ANR, ce projet entend repérer, caractériser ces risques émergents de la mobilité durable et, d’une certaine manière, alerter les acteurs investis dans ces politiques publiques. Mobilisant fortement les méthodes et cadres d’analyse des sciences humaines et sociales, le projet RED rassemble, pour ce faire, des géographes, des économistes, des aménageurs-urbanistes, des politistes, des psychologues, des ingénieurs en transport partageant deux points communs : un objet de recherche (la mobilité durable) et la volonté d’en construire une compréhension scientifique et opérationnelle par l’approche systémique.

La première hypothèse du projet RED est que les politiques contemporaines en faveur de la mobilité durable alimentent un traitement spatialement sélectif des espaces et territoires urbains et un risque d’accroissement des inégalités spatiales entre les territoires de la qualité urbaine d’une part, et les « espaces délesteurs » accueillant les reports de trafic et les nuisances déplacées et détournées, d’autre part. Poser une telle hypothèse croise les préoccupations de l’axe 3.6.1 (« Systèmes durables) du plan d’action de l’ANR.

La seconde hypothèse du projet RED est que les politiques contemporaines en faveur de la mobilité durable, telles qu’elles sont déployées depuis quelques années, auraient tendance, non pas à niveler les inégalités sociales mais au contraire à alimenter le risque de leur creusement. Sous cet angle, le projet RED peut permettre de répondre aux questionnements du défi 3.8.1 (« Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives », « processus d’innovation versus cohésion sociale, inégalités, exclusion ») du plan d’action de l’ANR.

Enfin, la troisième hypothèse du projet RED est que les nouveaux aménagements et pratiques en faveur de la mobilité durable génèrent de nouveaux types de conflits et d’accidents de la circulation mal connus et peu investigués.

Sensibles à la compréhension fine et territorialisée de l’évolution des usages et des pratiques de mobilité, ce projet vise donc à interroger l’efficacité mais aussi la légitimité des politiques contemporaines en faveur de la mobilité durable au prisme de trois risques : leur rôle par rapport au processus d’intensification de la spécialisation urbaine, leur effet par rapport à celui de cohésion sociale et des inégalités, leur impact en terme de sécurité des déplacements.

Coordination du projet

Hélène Reigner (Laboratoire Interdisciplinaire En Urbanisme (EA 889))

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

IFSTTAR Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l'Aménagement et des Réseaux. Laboratoire Mécanismes d'Accident
IDEES-CAEN UNIVERSITE DE CAEN - BASSE-NORMAND
CNRS / LIVE Centre National de la Recherche Scientifique / Laboratoire Image, Ville, Environnement (UMR 7362)
LIEU Laboratoire Interdisciplinaire En Urbanisme (EA 889)

Aide de l'ANR 295 467 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 48 Mois

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