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SIDERurgie et ENvironnement au Togo : Stratégie d’exploitation des ressources naturelles dans le cadre d’une production du fer ancienne et intensive (région bassar, Togo) – SIDERENT

SIDERENT

SIDERurgie et ENvironnement au Togo : Stratégie d’exploitation des ressources naturelles dans le cadre d’une production du fer ancienne et intensive (région bassar, Togo)

Projet SIDERENT : Reconstitution des interactions Sidérurgie-Environnement.

Depuis la préhistoire, l’homme a exploité les ressources de la Terre pour satisfaire ses besoins. Cependant, avec la maîtrise de la sidérurgie, les interactions entre les sociétés et leur environnement se sont amplifiées. Du fait de ses propriétés thermomécaniques et physico-chimiques, le fer a révolutionné le secteur de la guerre et de l’agriculture. Des armes en fer, très résistantes, ont pu être produites rapidement et en nombre. La fabrication d’outils agricoles en fer a entrainé le défrichement rapide de surfaces de terre plus importantes et l’augmentation du rendement des cultivateurs. Ainsi, la généralisation de la métallurgie du fer a modifié profondément le fonctionnement des sociétés et des écosystèmes. <br />L’objectif de ce projet est de redécouvrir la sidérurgie traditionnelle en abordant la question de son impact sur l’environnement. Pour le réaliser nous avons choisi d’étudier les modalités d’exploitation des ressources naturelles et les procédés techniques de transformation des matières premières. Notre but est de prendre en compte, pour la première fois, les dimensions sociale, rituelle et symbolique, la nature des ressources utilisées, les technologies employées et le contexte économique et politique dans lequel s’est développée la production sidérurgique. Dans l’histoire de la métallurgie, c’est la période de sa généralisation et donc de son influence sur les sociétés et l’environnement qui soulève de nombreuses questions : qu’est ce qui change avec la généralisation de la production et de l’usage du fer ? Quelles sont les matières premières exploitées ? Est-ce que les Anciens les sélectionnaient selon leurs qualités et/ou leur disponibilité ? Est-ce que les Anciens ont changé leur habitude d’exploitation au cours du fonctionnement de leurs ateliers sidérurgiques ? Quel volume de fer produisaient-ils ? Pour intégrer quel marché (local ou à longue distance) ? Quelle était l’efficacité des techniques sidérurgiques mises en place ?

Le programme scientifique prévoit de favoriser autant les avancées de chaque discipline que le travail interdisciplinaire. Il s’organise autour de quatre jalons scientifiques :
1. Acquisition des données :
La tâche 1 est consacrée au recueil et à l’analyse des traditions orales relatives à l’histoire du peuplement des métallurgistes et de la production du fer. Ces données seront systématiquement replacées dans le contexte sociétal des Bassar et comparées aux données archéologiques et aux analyses archéométriques et anthracologiques.
La tâche 2 est dédiée aux travaux de terrain en archéologie (prospection et fouilles) et de post-fouilles, appliqués aux différents districts sidérurgiques. Elle fournira des échantillons de minerai, de scorie, de métal et de charbon chrono-référencés en contexte archéologique nécessaires aux analyses effectuées en laboratoire dans les tâches 3/4.
2. Démarche analytique :
La Tâche 3 concerne les études et analyses archéométriques. Outre le fait de caractériser les minerais utilisés grâce à la minéralogie et la chimie, il s’agira d’identifier tous les matériaux qui jouent un rôle dans l’opération de réduction, de comprendre le fonctionnement d’un fourneau Bassar et de déterminer les produits réalisés. Des sessions expérimentales permettront d’analyser en grandeur nature les paramètres physiques et chimiques.
La tâche 4 se concentre sur les analyses anthracologiques et géomorphologiques afin d’évaluer la part de l’activité sidérurgique dans l’évolution du paysage. L’élaboration de cartes diachroniques ainsi que de modèles conceptuels offrira la possibilité de suivre l’évolution des dynamiques paysagères.
La tâche 5 sera consacrée à un croisement des résultats issus des quatre approches précédentes déjà amorcées au cours des réunions annuelles du programme. Cette synthèse globale sera programmée en année 4.

Résultats scientifiques attendus
- Approche ethnologique : comprendre les comportements de l’Homme face à l’exploitation des ressources de son Milieu. Il s’agira d’identifier et de comprendre les stratégies de gestion des matières premières mises en place par les métallurgistes Bassar.
- Approche archéologique : reconstituer l’histoire du district sidérurgique Bassar. Il s’agira de définir les zones où l’activité métallurgique a été mise en place et son développement dans le temps et dans l’espace.
- Approche archéométrique : identifier la ou les techniques sidérurgiques Bassar. Il s’agira de déterminer les processus physico-chimiques qui s’opèrent à l’intérieur du fourneau Bassar et ainsi d’évaluer la rentabilité et la productivité de la sidérurgie Bassar.
- Approche environnementale : analyser la part de la sidérurgie dans l’histoire du paysage. Il s’agira de déterminer le facteur « sidérurgie » dans l’évolution paysagère du pays Bassar.
Nature innovante du projet et cohésion des différentes disciplines
Le caractère novateur de ce projet résulte de la volonté de mobiliser diverses approches travaillant sur une même thématique et de les faire dialoguer tout en fournissant des données de nature très différentes. Jusqu’à maintenant, les verrous scientifiques et techniques provenaient tant du cloisonnement disciplinaire que des différentes sources de données utilisées. Les avancées méthodologiques actuelles et la richesse pluridisciplinaire des membres participants rendent ce projet réalisable. SIDERENT renforcera et pérennisera des compétences et des synergies à travers une équipe interdisciplinaire.

Le présent programme me permettra de réunir une équipe de recherche interdisciplinaire et internationale sur les questions environnementales liées à la production sidérurgique ancienne et intensive en Afrique. Grâce au développement des travaux et à l'expertise acquise dans la conduite du projet SIDERENT, je déposerai un projet ERC Starting grant à l'issue du programme ANR.
L’avancée scientifique réalisée constituera un socle solide de données et de compétences pour élargir notre questionnement des interactions Sidérurgie-Environnement. L'obtention d'un programme européen me permettra de développer notre champs d’expertise à d’autres zones géographiques, à d’autres contextes socio-politiques et à d’autres problématiques comme celle par exemple de la convergence entre généralisation de la production et de l’usage du fer et l’intensification de l’agriculture.

La valorisation scientifique des résultats se fera à travers des communications orales lors de colloques nationaux et internationaux (nombre estimé à 10) et des articles interdisciplinaires publiés dans des revues spécialisées en archéologie africaine (Journal of African Archaeology, African Archaeological Review, etc.), en archéométrie (Archeaometry, ArcheoSciences, Historical Metallurgy, etc.) et en géographie (Géosciences, Quaternaire, etc.). L’objectif est de présenter à la communauté scientifique la démarche et les résultats obtenus par les partenaires du projet SIDERENT. En 2016, une session spéciale dédiée au projet sera organisée au colloque de la Society of Africanist Archaeologists (SAfA 2016, Toulouse). En 2017, une table ronde sera organisée autour des questions environnementales soulevées par la production intensive des métaux.

Nous ne pouvons plus attendre. Le pays Bassar au nord Togo est un lieu exceptionnel pour étudier l’histoire des forgerons et l’impact de leurs activités sur la société et l’environnement. Malgré la disparition de la sidérurgie traditionnelle pourtant ancienne et intensive, la mémoire en est encore vivante et régulièrement étudiée, et la qualité du minerai attire de nouveau les industriels. Ce patrimoine humain et matériel nous échappera si une équipe internationale (France, Togo, Etats-Unis) et interdisciplinaire (ethnologie, archéologie, archéométrie, géologie, métallurgie, géographie et anthracologie) ne s’investit pas rapidement dans cette région. Les recherches déjà effectuées et en cours nous permettront d’aller directement à l’essentiel.
Après l’agriculture, la métallurgie du fer révolutionna profondément les schémas organisationnels, économiques et technologiques des communautés humaines. Sa généralisation transforma durablement terroirs et territoires. Si ce principe est aujourd’hui admis, son ampleur et sa chronologie restent encore très largement méconnues. Le pays Bassar offre un cadre unique pour avancer sur ces questions.
Le projet SIDERENT est diachronique et a pour objectif :
- étudier la technicité, les volumes, la qualité du fer produit ;
- étudier les modalités de gestion des ressources naturelles ;
- étudier l’impact de la sidérurgie sur la société et l’environnement.
Le pilier central du projet SIDERENT, sur lequel repose sa force et son ambition, est de répondre à des questions d’interaction Homme-Milieu par l’étroite association de toutes les familles scientifiques (humaine, naturelle et physique).

Coordination du projet

Caroline ROBION-BRUNNER (Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés ) – caroline.robion@univ-tlse2.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

TRACES/CNRS UMR 5608 Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés

Aide de l'ANR 150 000 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2013 - 48 Mois

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