Blanc – Accords bilatéraux 2013 - SHS 2 - Blanc – Accords bilatéraux 2013 - SHS 2 - Développement humain et cognition, langage et communication

Etude comportementale et simulation du traitement de la (mor)phonotaxe – BE-SyMPHONic

Résumé de soumission

Les sons des langues sont réalisés de plusieurs manières différentes. Chaque langue n'exploite qu'un sous-ensemble des sons que l'appareil phonatoire peut produire, ainsi qu'un nombre réduit de leurs combinaisons possibles. Les restrictions et les combinaisons phonémiques permises dans la langue définissent un domaine de la phonologie appelé phonotaxe.
La phonotaxe se réfère à l'organisation séquentielle des segments phonologiques en morphèmes, en syllabes et en mots et est à la base d'un certain nombre de questions phonologiques, des jugements d'acceptabilité (des pseudo-mots comme <poiture> en français ou <Traus> en allemand sont phonotactiquement plausibles), aux processus syllabiques (le nombre et les types de syllabes qui existent dans une langue déterminée dépendent des propriétés phonotactiques de cette langue), à la nature et à la longueur des séquences de phonèmes possibles (consonantiques ou vocaliques).

Le but de ce projet de recherche est d'explorer la représentation psycho-computationnelle de la phonotaxe en français et en allemand.

En particulier, notre recherche se focalisera sur la relation entre la phonotaxe et la structure des mots en français et en allemand, en s'intéressant aux représentations comportementales et computationnelles des séquences phonotactiques vs. morphonotactiques.

L'hypothèse fondamentale de ce projet de recherche est qu'il existe des représentations cognitives et computationnelles différentes pour la même séquence de consonnes en fonction de son environnement phonotactique. En particulier, l'apparition d'une telle séquence en correspondance d'une frontière de morphèmes (séquence morphonotactique) est considérée comme particulièrement intéressante pour les raisons que nous exposons ci-dessous.
Notre recherche se focalisera sur la relation entre la phonotaxe et la morphologie et s'intéressera aux représentations comportementales et computationnelles des séquences consonantiques selon qu'ils s'agisse : a) de séquences exclusivement phonotactiques, c'est-à-dire des séquences qui s'observent uniquement sans qu'il y ait une frontière de morphèmes (ex. Stein en allemand) ; b) de séquences exclusivement morphonotactiques, c'est-à-dire des séquences qui s'observent uniquement en correspondence d'une frontière de morphèmes (ex. lach+st 'tu ris') ; c) de séquences phonotactiques et morphonotactiques, avec l'une des deux qui est plus ou moins dominante (ex. lob+st, dominant, vs. Obst)1.

Nous testons donc l'existence de différents représentations et processus cognitifs et computationnels pour les mêmes séquences consonantiques et des séquences similaires selon leur appartenance aux types a), b) ou c).

L'hypothèse centrale que nous testons est que les locuteurs non seulement exploitent la fonction potentielle de marquage des frontières que les séquences qui dérivent d'opérations morphologiques ont, mais adoptent des mesures actives afin de maintenir ou même d'augmenter cette fonction, par exemple en traitant les séquences produites morphologiquement différemment des séquences internes aux morphèmes dans la production ou l'acquisition du langage. Nous appelons cette hypothèse l''Hypothèse Morphonotactique Forte' (Dressler et al. 2006, Dressler et al. 2010).

Notre idée est donc d'investiguer les mécanismes psycho-computationnels qui sous-tendent la distinction entre phonotaxe et morphonotaxe en traitant la question de deux points de vue simultanément : (a) l'étude psycholinguistique expérimentale de l'acquisition et de la production du langage et (b) la modélisation computationnelle du langage.

1Des exemples équivalents en français sont : a) bleu (séquence exclusivement phonotactique) ; b) affiche+rai (séquence exclusivement morphonotactique) et c) navigue+rai vs. engrais, pour lesquels les deux conditions sont vraies, avec une prévalence de la condition morphonotactique.

Coordination du projet

Basilio CALDERONE (Cognition, Langue, Langages, Ergonomie)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ICLTT/ Vienna Institute for Corpuslinguistics and Text Technology, Austrian Academy of Sciences
URI OCTOGONE Unité de Recherche Interdisciplinaire Octogone-Lordat
CPRG/ Vienna Comparative Psycholinguistics Research Group
ARI/ Vienna Acoustics Research Institute, Austrian Academy of Sciences
CLLE / CNRS Cognition, Langue, Langages, Ergonomie

Aide de l'ANR 223 394 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2014 - 36 Mois

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