Blanc SHS 2 - Blanc - SHS 2 - Développement humain et cognition, langage et communication

Origine de l’asymétrie consonne/voyelle lors du traitement lexical – ORICONVO

Résumé de soumission

Les recherches en précoce ont montré que les enfants ont des capacités précoces pour discriminer les contrastes consonantiques et vocaliques et se spécialiser rapidement dans le traitement de leur langue maternelle. Une asymétrie de sensibilité aux consonnes et voyelles dans l’acquisition de mots a d’abord été trouvé chez des enfants francophones, à l’avantage des consonnes (biais C), suggérant un lien entre acquisition phonologique et lexicale qui pourrait faciliter l'apprentissage du langage. Mais des études ultérieures ont montré que les enfants anglais ou danois n'ont pas de biais C précoce. Le biais C pourrait être modulé dans l’enfance. Il pourrait être présent à la naissance, auquel cas il diminuerait ou disparaitrait dans l’enfance pour l’anglais ou le danois. Ou il pourrait émerger au cours du développement, du fait de l’expérience avec la langue maternelle, ce qui pose des questions de quand et comment il est acquis. Actuellement, nous savons peu de choses sur la trajectoire développementale de ce biais. Pour la première fois, ce projet va explorer par une approche intégrée les capacités précoces de perception de la parole liées au traitement lexical pendant la première année. Il se focalisera sur le français, langue pour laquelle le biais C est clairement établi de 14 mois à l’âge adulte, bien que ce travail soit planifié avec des collaborateurs étudiant des phénomènes similaires chez des enfants anglophones.
Trois explications du biais C seront examinées dans ce projet développemental : (1) l’hypothèse du biais inné - les enfants commençant par traiter consonnes et voyelles comme des catégories distinctes dès le début de l’acquisition langagière ; (2) l’hypothèse acoustique/phonétique - le biais C émerge pendant la première année du fait de différences acoustiques entre consonnes et voyelles, les consonnes étant globalement plus courtes, moins périodiques et perçues plus catégoriellement que les voyelles. Ces différences conduiraient à la construction de catégories phonologiques distinctes, qui conduirait à l’observation d’un biais C phonologique chez les enfants et les adultes; et (3) l’hypothèse lexicale - le biais C est la réflexion de l’expérience linguistique des enfants au niveau lexical, duquel ils apprennent que les consonnes sont des indices de l’identité lexicale plus informatifs que les voyelles, une fois appris un lexique suffisamment grand. Pour les enfants acquérant une langue ayant plus de sons vocaliques que consonantiques, il est prédit que le biais C n’émerge pas.
Des données sur les enfants acquérant le français entre la naissance et 11 mois seront collectées à Paris. Les tâches 1-4 testeront l’utilisation comparée des consonnes et des voyelles chez des enfants monolingues nés à terme. Les tâches 1 et 2 se focaliseront sur le traitement des formes sonores de mot sans sens, les tâches 3 et 4 porteront sur le traitement des mots connus. Les résultats obtenus serviront de point de comparaison pour étudier des questions similaires chez des enfants bilingues nés à terme (tâche 5) et des enfants monolingues prématurés mais en bonne santé (tâche 6). Ces études s’appuieront sur des techniques comportementale (HPP), électrophysiologique (ERPs) et de neuroimagerie (NIRS). Prises ensemble, elles apporteront des informations cruciales sur l’origine du biais C dans le traitement lexical, ainsi que sur l’interaction entre capacités perceptives innées et input linguistique, dans l’acquisition monolingue typique, mais aussi dans des situations où les enfants acquièrent plus d’une langue, ou commencent à apprendre une langue avec un cerveau immature. Nos résultats permettront de confirmer/infirmer les hypothèses présentées ci-dessus (innée vs. acoustique/phonétique vs. lexicale). La force de ce projet repose aussi sur son approche cross-disciplinaire (psychologie développementale, linguistique, neuroscience, pédiatrie/néonatologie), et sur sa contribution à la formation de jeunes chercheurs (doctorants postdocs).

Coordination du projet

Thierry NAZZI (Laboratoire Psychologie de la Perception UMR 8158)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

UMR 676 Physiopathologie, conséquences fonctionnelles et neuroprotection des atteintes au cerveau en développement
LPP UMR 8158 Laboratoire Psychologie de la Perception UMR 8158

Aide de l'ANR 258 593 euros
Début et durée du projet scientifique : février 2014 - 48 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter