VBD - Villes et Bâtiments Durables

Les figures rurales de l'urbain généralisé au filtre des mobilités durables – FRUGAL

Comment les espaces d’urbanisation dispersée, ruraux ou périurbains, peuvent contribuer au développement de territoires durables et vivants.

Dépasser les représentations conventionnelles attachées aux espaces périurbains et ruraux en prenant en compte les spécificités de leur dynamique territoriale. Esquisser des alternatives d'évolution de ces espaces, en considérant qu'ils présentent de forts potentiels de durabilité au plan des proximités, des mobilités alternatives, et des interfaces entre bâti et nature.

Renouveler la production de connaissance et fournir aux praticiens et aux gestionnaires de l’urbanisme des outils descriptifs et opérationnels.

Au regard du développement durable, l’urbain de faible densité, parce que dispersé, ne doit plus demeurer hors-sujet comme modèle d’urbanisation, au motif qu’il serait incompatible avec l’économie d’espace, la diversité des fonctions, le brassage des groupes sociaux, la sobriété énergétique, la préservation de la biodiversité et des écosystèmes agro-naturels ainsi que des patrimoines paysagers.<br />A côté et en complément des figures compactes, denses et diversifiées de l’urbain aggloméré, couramment englobés dans le terme «ville », existent les « figures rurales d’un urbain généralisé », dont les caractéristiques spatiales et les pratiques locales restent encore très mal connues. Cette recherche s’inscrit ainsi dans l’idée selon laquelle une politique d’aménagement durable ne peut ignorer l’urbain dispersé ; elle doit promouvoir non seulement des villes durables mais aussi un territoire durable dans l’ensemble de ses composantes.<br />Il s’agissait en premier lieu d’élaborer de nouveaux concepts propres à identifier et décrire les spécificités de ces espaces, au croisement des analyses portant sur la dispersion morphologique, la distribution des populations, des emplois et des services, sur les mobilités et sur les interfaces entre espaces bâtis et ouverts. <br />La deuxième ambition était de l'ordre de la production de connaissance concernant les espaces d’urbanisation dispersée, dont les caractéristiques, depuis les derniers travaux de géographie rurale, n’ont que rarement été réactualisées alors que les processus de transformation de ces espaces se sont accélérés durant ces dernières décennies.<br />La troisième ambition, d'ordre méthodologique et projectuel, visait à croiser des approches menées par des disciplines différentes (architecture, géographie, aménagement, ingénierie des réseaux, ethnologie, environnement), de manière à tester des modes originaux d'appréhension de ces espaces.

A la suite des premiers acquis méthodologiques issus des recherches PUCA et PREDIT sur la Picardie et la Franconie, la proposition de recherche était initialement basée sur les relations entre mobilités et morphologies. En élargissant le champ à l’échelle de la France métropolitaine, 14 carrés de 50km de côté ont été identifiés en dehors des villes de plus de 20 000 habitants, des zones littorales, de haute montagne et des PNR, de façon à assurer une certaine comparabilité entre eux. Ainsi définis, ces prélèvements englobent de manière indifférenciée espaces ruraux et périurbains et couvrent une grande diversité de paysages et de «substrats » ruraux (pays bocager, d’openfield, pays méditerranéen, moyenne montagne). L'interdisciplinarité de l'équipe a permis d'élargir les investigations à partir d'enquêtes de terrain avec des acteurs et des habitants, d'études fines à l'échelle d'ilôts tests (enquêtes écologiques, ethnographiques, géographiques et architecturales)... Plusieurs carrés ont servi de laboratoire (Picardie, Limousin, Bretagne). L'ensemble de la démarche a exploré divers enjeux :
• la morphologie de la dispersion des agrégats bâtis (petite ville, bourg, village, hameau), et les logiques d'évolution dont ils ont été l'objet depuis un demi-siécle;
• la distribution des populations, des emplois et des services au sein des agrégats bâtis, qui détermine l’accessibilité potentielle aux différentes ressources et les systèmes territoriaux qu'elle contribue à organiser;
• les pratiques de mobilité domicile-travail faisant ressortir la part des relations de proximité qui peuvent en résulter ;
• l'adaptation énergétique de l'habitat pavillonnaire et des petits ensembles collectifs sociaux;
• la place du vivrier et de la biodiversité au sein des formes dispersées d’urbanisation ;
• enfin, les politiques locales d’aménagement et des dynamiques économiques propres à ces territoires.

Plusieurs résultats thématiques modifient de façon assez profonde les représentations dominantes attachées aux espaces d'urbanisation dispersée. Leur unité est exprimée en 7 ruptures.
1- La dynamique de peuplement et d’occupation des sols n’est pas réductible au processus d’étalement urbain; elle ne se résume pas à une dispersion erratique de l’habitat.
2- L’offre de commerces et de services n’est pas dépendante de la grande distance. Alors que la dispersion de l’urbanisation est souvent perçue comme synonyme d’éloignement, une relative proximité aux commerces se dessine de manière équivalente que l’on habite dans un village ou dans un hameau.
3-La fragmentation des paysages du sol n’est pas l’ennemie des paysages vivants. Dans les interfaces entre nature et habitat, une biodiversité familière, des pratiques vivrières et des formes d’adaptation climatique révèlent une coexistence entre les hommes et la nature.
4-La mobilité quotidienne, pour accéder à l’emploi, est très loin d'être exclusivement dépendante de longues distances à parcourir; elle est au contraire marquée par une forte tendance à la proximité pour la plus grande part des habitants.
5-De faibles densités et un éloignement des polarités urbaines ne sont pas associés à des contraintes spécifiques de mobilités pour le fonctionnement des entreprises. 6-Les transformations des territoires de faible densité ne se limitent pas aux centralités héritées. Les logiques spatiales à l’œuvre peuvent aujourd’hui fonder une nouvelle manière d’aborder ces territoires.
7-Les principes d’aménagement du territoire et d’urbanisme, largement pensés à partir et pour des milieux urbanisés et appliqués par extension au territoire national sont peu aptes à saisir et à valoriser des initiatives locales innovantes dans des milieux pour l’essentiel ruraux.

Dès les premières étapes de cette recherche, un élargissement de la problématique de la durabilité s’est imposé. Limitée dans un premier temps aux mobilités alternatives au tout-automobile, elle a été rapidement étendue aux systèmes territoriaux de l’urbanisation dispersée à la suite notamment des premiers résultats des investigations portant sur les morphologies de la dispersion. Cette exploration extrémement large et détaillée a révélé leur très grande diversité spatiale et organisationnelle de ces espaces et a posé d’emblée l’enjeu de la distribution la plus pertinente des populations en leur sein et de l’organisation la plus équitable des centralités qui participent à leur structuration. Dans cette géographie en grande partie héritée, mais à l’heure d’une accessibilité (presque) généralisée, qu’elle soit physique ou virtuelle, grâce au déploiement des réseaux de transport et de communication, quelle mutation attendre, accompagner ou orienter aujourd’hui ?

De nombreux articles ont été publiés, ou vont l'être, dans des revues à comité de lecture ou des ouvrages collectifs de portée scientifique. Le plus important est la publication courant 2016 d'un ouvrage de plus 500 pages (éditeur et financement déjà arrêtés) qui présentera de manière exhaustive les travaux de l'équipe de recherche.

Les figures rurales de l’urbain généralisé au filtre des mobilités durables

Comment les espaces de faible densité, qu’ils participent du rural ou du périurbain selon les catégories de l’INSEE, peuvent-ils contribuer, à leur manière, au développement de territoires globalement plus durables ? La présente proposition de recherche postule que, à côté et en complément des figures compactes, denses et diversifiées de l’urbain aggloméré, existent les « figures rurales d’un urbain généralisé ». La problématique se pose ainsi de la manière suivante : de quelle manière peut-on faire participer les espaces de faible densité au projet de la «mobilité durable » ?

Une approche en positif des espaces de faible densité
Il s’agit de dépasser l’approche « en négatif » de ces espaces de faible densité, « en creux par rapport à l’urbain » comme l’exprimait le groupe de travail portant sur la « Structuration de l’espace rural : une approche par les bassins de vie » (INSEE, SCEES l’IFEN, et la DATAR, 2003). Deux recherches menées par certains membres de notre équipe dans le cadre du PUCA et du PREDIT sur un échantillon de territoire situés entre pôles urbains ont permis de faire émerger certains enseignements qui confortent la pertinence de cette approche : isotropie relative du semis des agrégats bâtis et faibles distances les séparant, distribution dense des services . Des potentiels de proximité existent et sont autant d’éléments favorables aux modes de déplacement alternatifs à l’automobile ou à de faibles kilométrages automobiles. Pourtant, ces mobilités alternatives sont souvent un impensé de l’aménagement rural ou périurbain.

Partant de ces premiers acquis méthodologiques, nous proposons d’élargir le champ de cette démarche à l’échelle du territoire métropolitain et d’explorer les caractéristiques spécifiques de ces espaces peu denses sur quatre plans :
• au plan morphologique de la dispersion des agrégats bâtis (petite ville, bourgs, villages, hameaux), de la configuration des réseaux qui les desservent et du maillage des trames verte et bleue ;
• au plan sociodémographique de la distribution des populations, des emplois et des services au sein de ce semis d’agrégats bâtis, afin de déceler l’accessibilité potentielle aux différentes ressources ;
• au plan des pratiques de mobilité effectives qui seront reconstituées à partir de travaux statistiques et d’entretiens. Il s’agit de faire ressortir et d’expliquer la « teneur en proximité » de ces territoires ;
• enfin, au plan des politiques locales d’aménagement aux différentes échelles de gouvernance et de planification et des dynamiques économiques propres à ces territoires.

La synthèse de ces quatre plans permet de faire émerger des systèmes territoriaux différenciés et de déterminer leurs capacités à contribuer au développement de mobilités plus durables. Cette exploration s’appuiera sur l’analyse d’une quinzaine de « prélèvements » (« carrés » de cinquante kilomètres de côté). Ces « carrés», situés en France métropolitaine, recouvriront la diversité des paysages et des héritages ruraux (pays bocager, d’openfield, pays méditerranéen, moyenne montagne).

Les termes de l’équation d’une mobilité durable en milieu peu dense

L’objectif est de proposer une lecture renouvelée des potentialités de ces espaces peu denses, aujourd’hui considérés comme des territoires perdus pour la mobilité durable. Leur dynamisme démographique actuel est parfois même considéré comme dommageable du point de vue du développement durable. Le but est donc de préciser les termes de l’équation d’une mobilité durable en milieu peu dense. Il s’agit de fournir des outils d'analyse et d’aide à la décision d’aménagement, construits à partir des variables territoriales apparues comme déterminantes dans les pratiques de mobilité (dispersion des établissements humains, distribution des services, configuration des maillages viaires, organisation des transports collectifs, systèmes locaux de production, etc.).

Coordination du projet

Xavier DESJARDINS (Géographie-cités) – xavier.desjardins@paris-sorbonne.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS CNRS
Université Cergy Pontoise MRTE
Brès+Mariolle Brès+Mariolle
AUSSER UMR 3329 AUSSER (IPRAUS)
Géo-Cité UMR8504 Géographie-cités

Aide de l'ANR 490 000 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2013 - 36 Mois

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