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Epigraphie et Muséographie : Edition numérique et valorisation de la collection des inscriptions grecques du Louvre – E-PIGRAMME

La Collection des Inscriptions grecques du Louvre : édition savante électronique, médiation numérique et nouvelle muséographie

Pour cette collection patrimoniale de première importance, il s'agit d'élaborer une publication numérique de référence en libre accès conforme aux standards internationaux. Grâce aux outils numériques, l'originalité consiste à analyser les inscriptions en leur restituant toute leur complexité : écrits et écritures ostentatoires, « dispositifs de communication » faits pour être vus tout autant que lus, placés dans un contexte d’exposition publique choisi à dessein.

Elaborer une édition numérique de référence en libre accès enrichie par la contextualisation des textes

Le cœur du programme vise à réaliser deux publications conjointes, l’une pour la diffusion sur internet, l’autre imprimée sur papier, résultant d’un processus de production numérique unique. Sur un plan épistémologique, le recours au numérique permet enfin d’analyser les inscriptions dans toutes leurs dimensions, dans une approche qui ne dissocie plus le texte de son support ni des lieux d’exposition, restituant ainsi à ces documents toute leur complexité : écrits/écritures ostentatoires, ouvrages d’art, « dispositifs de communication » faits pour être vus tout autant que lus, placés dans un contexte d’exposition publique choisi à dessein. Par conséquent, au rebours d’une tradition éditoriale qui a dissocié les textes de leur support matériel et dont on saisit désormais à quel point, depuis le XVIIe siècle, elle dérive des contraintes de l’impression sur papier, la publication numérique permet de reconsidérer les inscriptions comme des objets archéologiques complexes. Fabriquées pour être des éléments visuels autant que sémantiques, les inscriptions méritent pleinement cette analyse totale qui ne sépare pas le message/le texte de sa matérialisation ni des représentations figurées auxquelles il est souvent associé, l’interaction texte/image/contexte s’avérant seule apte à produire le sens tout autant que la valeur esthétique. Consacré à des documents archéologiques conservés dans un Musée, ce programme oblige en outre à réfléchir concrètement à l’articulation entre édition savante/exposition réelle et exposition en ligne, car les frontières traditionnelles entre les formes éditoriales sont en train de se modifier, musées et universités se rejoignant sur ce terrain commun de réflexion.

Notre édition exploitera toutes les possibilités offertes à la fois par l’encodage des textes selon le standard EpiDoc/TEI/XML, mais aussi par leur intégration dans un « écosystème informationnel » (Marin Dacos), formé par les nombreuses métadonnées documentaires et de contextualisation associées au sein d’une base de données, susceptibles de s’afficher en simultané lors d’un parcours de consultation personnalisé par le lecteur grâce aux indexations et aux liens internes et externes.
L’élaboration d’une telle édition permettra de mettre au point quelques outils documentaires aptes à devenir communs à l’ensemble des publications d’épigraphie grecque en ligne, comme par ex. un système de référence bibliographique avec abréviations qui soit uniformisé ou un vocabulaire contrôlé multilingue pour la description des supports.
L'enjeu est donc de créer un prototype éditorial doté d’une interface de consultation optimisée, la plus conviviale possible, afin de permettre une appropriation immédiate par le lecteur internaute, en lui proposant des modalités de consultation, d’affichage, de comparaison et de manipulation des documents à l’écran qui soient simples mais efficaces, favorisent la recherche et l’étude, tout en lui offrant plusieurs manières de circuler dans le corpus.

Le programme associe étroitement recherche, formation et valorisation, en se fondant sur un partenariat solide et des compétences éprouvées ; il réunit trois objectifs complémentaires qui permettent d'associer des « milieux » et des publics d'ordinaire distincts. Les résultats attendus sont de plusieurs ordres : 1/Permettre aux visiteurs du Louvre de mieux comprendre les inscriptions présentées dans la Galerie d'épigraphie grecque en leur donnant accès aux textes et à des traductions et à des commentaires permettant une recontextualisation. 2/Innover par rapport à un « état de l’art » de la publication électronique épigraphique encore très balbutiant, sans aucun modèle éditorial de référence dans ce domaine. 3/Contribuer à développer l'enseignement de l'épigraphie grecque en mettant au point des méthodes et outils d'apprentissage numériques à partir de la variété des exemples fournis par les ± 1000 inscriptions grecques du Louvre qui sont autant d'échantillons représentatifs de l'infinie variété des inscriptions antiques. Ce programme s'inscrit en outre dans une dynamique internationale illustrée par le partenariat avec l'US Epigraphy Project de John Bodel (Brown University, Providence RI) et le Perseus Project développé à Tufts University (Medford, Massachusetts) et reçoit le soutien de DARIAH-EU, Digital Research Infrastructure for the Arts and Humanities.

Ce projet met au point un protocole d'édition critique associé à l'analyse des monuments supports qui permet d'amorcer la constitution progressive d'une bibliothèque en ligne d'inscriptions grecques qui pourra réunir, à terme, les grands corpus d'inscriptions publiés depuis le XIXe s. par les chercheurs de l'Ecole française d'Athènes sous l'égide de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Il démontre que les disciplines d’érudition que sont l’épigraphie et l’histoire de l’art antiques ont toute leur place dans la dynamique actuelle des Humanités Numériques, qui permet la circulation et l’échange des savoirs à une échelle inédite ainsi que l’ouverture à d’autres publics que celui des seuls spécialistes.

Pas encore à T0+6

La collection des inscriptions grecques conservées au Musée du Louvre s’est constituée au hasard des acquisitions, confiscations, dons et transferts depuis l’époque de Louis XIV ; elle comprend environ 600 documents répartis sur à peu près 10 siècles, depuis le VIe s. av. J.-C. jusqu’au IVe s. ap. J.-C. Compte tenu de la variété chronologique, géographique et thématique des textes et de l’originalité intrinsèque de bon nombre de leurs supports — stèles, éléments architecturaux, statues et autres objets votifs etc. —, l’intérêt scientifique et patrimonial de cet ensemble est incontestable. Mais il constitue également un échantillon idéal pour la réalisation d’un prototype éditorial innovant, susceptible de bénéficier d’une visibilité assurée tout à la fois par la diffusion sur le web de plusieurs sites reliés, destinés à des usages et des publics différents, et par une présentation muséographique renouvelée d’une partie de la collection dans les salles du musée. Le programme E-PIGRAMME, Epigraphie et Muséographie : Edition numérique et valorisation de la collection des inscriptions grecques du Louvre soumis aujourd’hui à l’ANR correspond à la phase de « mise en production », enrichie de nouvelles dimensions, d’un projet d’édition électronique qui fut présenté au jury international de l’Institut Universitaire de France et avalisé par la nomination à l’IUF de Michèle Brunet comme membre Senior fin 2009. Le consortium à l’intersection de la philologie, de l’histoire de l’art, de l’archéologie et de l’histoire ancienne, constitué afin de réaliser cette publication numérique originale s’accompagnant d’une nouvelle muséographie, réunit quatre partenaires : deux laboratoires de recherche, l’UMR 5189 Histoire et Sources des Mondes Antiques (HiSoMA), coordonnateur, et l’UMR 8210 Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques (ANHIMA), le Département des Antiquités Grecques Etrusques et Romaines du Musée du Louvre (DAGER) et l’École française d’Athènes (EfA). Notre démarche commune s’ancre dans une double conviction : les disciplines d’érudition que sont l’épigraphie et l’histoire de l’art antiques ont toute leur place dans la dynamique actuelle des Humanités Numériques, qui permet la circulation et l’échange des savoirs à une échelle inédite ainsi que l’ouverture à d’autres publics que celui des seuls spécialistes. Mais l’arrivée du numérique dans l’édition scientifique reconfigure toute la chaîne de production éditoriale et nécessite une transposition des savoir-faire académiques dans de nouveaux processus professionnels : c’est pourquoi les innovations induites par l’outil électronique sont une occasion optimale pour développer une recherche sur les modalités techniques, les contours et la forme à donner à la publication numérique des inscriptions grecques. De fait, le recours à ce nouveau moyen d’édition et de diffusion offre l’opportunité d’analyser les inscriptions dans toutes leurs dimensions, dans une approche qui ne dissocie plus le texte de son support ni des contextes d’exposition, restituant ainsi à ces documents leur double qualité d’écrits/écritures ostentatoires et d’ouvrages d’art. Une telle recherche expérimentale ne peut être réalisée qu’en étroite concertation avec la petite communauté internationale des Digital Classicists, qui sera de ce fait bien représentée dans notre comité de suivi scientifique. Mais il est tout aussi essentiel d’inscrire cette entreprise dans une activité de formation en lien direct avec le réseau d’expertise et de collaborations internationales qu’elle concourt à concrétiser. Pour cela, l’EfA constitue un cadre parfaitement adéquat, car en fournissant la garantie d’une certaine pérennité au-delà du terme du programme, elle lui procure une validation institutionnelle et encourage aussi les développements futurs de l’édition numérique en épigraphie grecque, en prenant l’initiative d’un colloque destiné à jeter les bases effectives d’une collaboration internationale dans ce domaine.

Coordination du projet

Michele Brunet (Histoire et Sources des Mondes Antiques) – michele.brunet@cnrs.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

EfA Ecole Française d'Athènes
ANHIMA Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques
HISOMA Histoire et Sources des Mondes Antiques
LOUVRE Musée du Louvre - Département Antiquités Grecques, Etrusques et Romaines

Aide de l'ANR 250 000 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2012 - 36 Mois

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