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Vieux maîtres et nouvelles générations de spécialistes religieux en Chine aujourd’hui : ethnographie du quotidien et anthropologie du changement social – SHIFU

Vieux maîtres et nouvelles générations de spécialistes religieux aujourd’hui en Chine

Ethnographie du quotidien, anthropologie du changement social

Modalités et enjeux de la transmission des vieux maîtres religieux dans la Chine contemporaine

Ce projet s’intéresse à la vie quotidienne des spécialistes religieux chinois aujourd’hui, dans un contexte où leur rôle et plus largement le paysage religieux ont connu d’importantes mutations. Il prend pour sujet les différentes figures des religions chinoises — le taoïsme, le bouddhisme, le confucianisme, les religions locales — et s’attache à les mettre en regard dans leur existence présente. La focale est portée de façon privilégiée sur les vieux maîtres de ces traditions à qui l’on doit d’avoir perpétué les chaînes de transmission, pour un temps interrompues, par delà la longue période de prohibition sous la Révolution Culturelle (1966-76). Témoins des différentes périodes de trouble du XXe siècle, ils sont aujourd’hui en mesure de raconter ces événements de leur propre point de vue. Mais surtout, tenus pour des « trésors vivants », ces personnages qui ne sont aujourd’hui plus qu’une poignée, sont les seuls à pouvoir faire état de la manière dont ils pratiquaient autrefois certains rituels et techniques de méditation et d’ascèse et d’expliquer comment ils s’accommodaient au quotidien des différentes tâches qui leur incombaient. Aujourd’hui, ils sont les derniers dépositaires de ces savoirs qui pour certains sont sur le point de disparaître, voire sont déjà tombés dans l’oubli. Avec un soin particulier accordé à la transmission orale, il s’agit de considérer ce qui, selon leurs propres souvenirs, ceux de leurs aînés et de leurs disciples, a changé au fil des dernières générations d’officiants. Ce programme s’emploie à dresser une série de portraits ethnographiques de ces religieux, dans le détail de leur histoire de vie et de leurs activités présentes, à donner à voir de la sorte la scène religieuse d’aujourd’hui et à s’efforcer de mieux saisir l’impact des ruptures du XXe siècle. Il voudrait saisir comment les traditions se sont perpétuées sous bénéfice d’inventaire et ce que la résurgence religieuse a impliqué de continuités, de changements et de réinventions

L’objectif de ce projet est de recueillir et d’analyser le témoignage de vieux maîtres des différentes traditions religieuses chinoises sur leur parcours de vie et, en toile de fond, sur l’histoire religieuse chinoise du XXe siècle et les mutations connues par leurs ordres. Il s’agit également de constituer un corpus sur les savoirs et les savoir-faire qu’ils ont appris de leurs prédécesseurs et transmettent à leur tour aux plus jeunes générations. Le parti pris méthodologique et épistémologique de cette étude est de mettre l’enquête ethnographique au premier plan, tout en valorisant l’interdisciplinarité. Le principal verrou technique aurait pu être la difficulté à entrer en contact avec ces religieux, qui ne sont pas toujours facile à localiser ni à comprendre mais surtout auprès desquels il est parfois difficile de se faire accepter. Les vieux maîtres parlent pour beaucoup des dialectes locaux difficiles à maîtriser. Personnes âgées et très respectées, ils sont bien souvent protégés par leur communauté, et il est impossible de les côtoyer sans une longue période de familiarisation. Pour cela, ce projet réunit une équipe d’experts, spécialistes de la Chine et de ses différentes religions, qui ont chacun déjà effectué des recherches de terrain approfondies et conduit par le passé des enquêtes de longue durée auprès de spécialistes religieux et intégré des milieux qu’il n’est pas toujours facile de pénétrer. Pour s’interroger sur ce qui « fait » l’officiant taoïste, le moine bouddhiste, le spécialiste de géomancie ou de divination, le médium, le bimo, le musicien ritualiste… une des pistes consiste à entrer dans le détail de certaines de leurs pratiques en rapportant des cas concrets et la manière dont ils les abordent et les résolvent. Cette approche permet de comprendre à partir d’exemples les attentes des laïcs à leur égard et les réponses (et notamment les dispositifs rituels) qu’ils y apportent.

Les principales pistes de recherche consistent à s’interroger sur la manière dont les spécialistes religieux ont perpétué leur art et bien souvent un mode de vie singulier par delà les campagnes contre les religions du XXe siècle et la « modernisation » accélérée du début du XXIe siècle. Il s’agit de se demander ensuite qui sont les hommes et les femmes nés à l’époque où les religions étaient interdites, et qui ont pourtant fait le choix de devenir moines ou officiants dans les années 1980-90 et pour certains sont allés trouver ces vieux maîtres et ont appris à leurs côtés. Et de comprendre ce qui marque en fin de compte ces générations. La mise en regard d’une série de cas ethnographiques permet d’aborder des univers religieux distincts et pour la plupart demeurés très peu connus. De façon plus large, cette étude invite à s’interroger sur la signification et la raison d’être du maître religieux aujourd’hui en Chine.

Au-delà d’une anthropologie en vue de contribuer à la compréhension et à la préservation de certains savoirs spécifiques, l’idée de ce programme est d’avancer dans la connaissance du paysage religieux chinois contemporain et de ses mutations. L’enjeu du renouveau religieux en Chine est important. L’aborder à travers le prisme des spécialistes religieux — qui sont pour beaucoup en charge des rituels fondamentaux de la société— permet d’en saisir les modalités concrètes. Cela permet de s’interroger de façon plus générale sur les formes de virtuosité bien particulières qui les caractérisent dans le contexte chinois, conjuguant sortie du monde (pour un certain perfectionnement de soi) et présence au monde (dans l’accomplissement de diverses activités rituelles et quotidiennes). A côté de la rédaction d’un ouvrage et d’articles scientifiques et de la création d’archives, une intention de ce programme est de s’attacher à diffuser auprès du grand public une partie des résultats de ces recherches, notamment au regard de la contribution de ces maîtres au patrimoine immatériel chinois mais aussi de l’intérêt qu’ils suscitent en Occident. La constitution d’un fond documentaire audiovisuel —photographies, enregistrements sonores, séquences vidéos et films documentaires donnant à voir et à entendre des entretiens avec des vieux et des jeunes maîtres, des rituels et leurs musiques, et des pratiques de différents arts et techniques— sera un apport important du projet.

Conférence d’Adeline Herrou, intitulée “Vieux maîtres et nouvelles générations de spécialistes religieux aujourd’hui en Chine. Ethnographie du quotidien et anthropologie du changement social.” 11 avril 2013, au Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC) de l’EHESS. cecmc.hypotheses.org/11067
Conférence de Georges Favraud, intitulée «Les pratiques des ermites taoïstes du Pic du Sud aujourd'hui (Hunan, Chine)«, 17 mai 2013 à l'Atelier Chine du Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (LESC, Nanterre).

Ce projet de recherche s’intéresse à la vie quotidienne des spécialistes religieux chinois aujourd’hui, dans un contexte où la charge même de dignitaire religieux, et plus largement le paysage religieux, ont connu d’importantes mutations. Il propose de prendre pour sujet les différentes figures de ce que l’on a coutume d’appeler les religions chinoises — le taoïsme, le bouddhisme, le confucianisme, les religions locales — et de les mettre en regard dans leur existence présente. La focale sera portée de façon privilégiée sur les vieux maîtres de chacune de ces traditions, entrés en religion avant la Révolution culturelle et même pour certains avant la Libération (1949). Témoins des différentes périodes de trouble du XXe siècle, ils sont aujourd’hui en mesure de raconter ces événements de leur propre point de vue. Mais surtout, ces personnages qui ne sont aujourd’hui plus qu’une poignée sont les seuls à pouvoir faire état de la manière dont ils pratiquaient autrefois certains rituels et techniques d’ascèse, et d’expliquer comment ils s’accommodaient au quotidien des différentes tâches qui leur incombaient. On leur doit —dans certains cas mais pas toujours— d’avoir perpétué les chaînes de transmission, pour un temps interrompues, par delà la longue période de prohibition.
Aujourd’hui, ils sont les derniers dépositaires de ces savoirs et de ces techniques qui pour certains sont sur le point de disparaître voire déjà tombés dans l’oubli. Avec un soin particulier accordé à la transmission orale, il s’agit de considérer ce qui, selon leurs propres souvenirs, ceux de leurs aînés et de leurs disciples, a changé au fil des générations d’officiants. On dressera une série de portraits ethnographiques de ces religieux, dans le détail de leur histoire de vie et de leurs activités présentes, on donnera à voir de la sorte la scène religieuse d’aujourd’hui et on s’efforcera de mieux saisir l’impact des ruptures du XXe siècle.
L’entreprise de reconstruction des temples a commencé lors des années d’ouverture au début des années 1980. Les pratiques religieuses ont été ré-autorisées ; un nouveau cadre officiel leur a été donné, conforme aux prescriptions de l’État. Alors que la transmission s’opérait traditionnellement de maître à disciple, la charge de former le clergé a été confiée à des instituts mis en place à cet effet. Sur cette base, les communautés religieuses se sont réorganisées, en adaptant localement le nouveau cadre et parfois aussi en lui échappant. La génération charnière des « anciens » a désormais passé la main aux nouvelles générations. Le moment semble donc opportun pour saisir comment les traditions se sont perpétuées sous bénéfice d’inventaire et sur quelles bases s’est accomplie la résurgence religieuse qui, plus qu’un simple renouveau, a occasionné d’importants changements et aussi des réinventions.
Pour s’interroger sur ce qui « fait » désormais le maître taoïste, le moine bouddhiste, le spécialiste de géomancie ou de divination, le médium, le bimo Yi, le musicien ritualiste… une équipe de sinologues sera réunie, pour la plupart ethnologues et sociologues des religions qui ont déjà une longue expérience de terrain dans ces milieux, et qui sont à même de constituer un nouveau corpus de matériaux de première main sur les vieux maîtres de ces traditions.
L’idée est de s’intéresser à la vie et à l’expérience des vieux maîtres et à la situation religieuse actuelle telle qu’elle s’est installée en partie dans la continuité de leurs savoirs mais aussi en rupture d’avec leurs traditions et leur époque.
La mise en regard d’une série de cas ethnographiques permettra de rendre compte d’univers religieux spécifiques et pour la plupart demeurés peu connus. De façon plus large, cette étude comparatiste et pluridisciplinaire invitera à s’interroger sur les raisons d’être des différents maîtres religieux aujourd’hui en Chine et sur les virtuosités bien particulières qui les caractérisent dans ce contexte.

Coordination du projet

Adeline HERROU (Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative) – adeline.herrou@mae.u-paris10.FR

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LESC Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative

Aide de l'ANR 299 996 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2012 - 36 Mois

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