Variations normales et anormales de la parole: Typologie, Adaptation, Localisation – TYPALOC

Ce projet vise à mieux comprendre l'étendue des variations de la parole chez des populations tant saines qu'affectées d'une pathologie et dans des conditions de parole différentes. L'objectif de ce projet est triple. Il vise à dresser un inventaire typologique des variations de parole normales et anormales, à tester l'adaptabilité de locuteurs sains et pathologiques face à des conditions de production différentes (situations contrôlées à moins contrôlées) et à tester l'effet de diverses contraintes linguistiques et de communication sur les variations selon les différentes populations. En parallèle, notre projet vise à améliorer les systèmes de traitement automatique de la parole en les confrontant à une parole non prototypique (parole spontanée ou pathologies de la parole).
Les recherches sur la production de la parole dans des conditions naturelles ont permis d'observer une large variété de prononciations non prototypiques et ont pu montrer que ces prononciations ne sont pas seulement le résultat de facteurs physiologiques ou phonologiques mais qu'elles dépendent également de contraintes linguistiques de plus haut niveau. Comprendre le rôle de ces contraintes et leur interaction est un véritable défit. Le principe fondamental de ce projet est que l'observation de la parole pathologique nous informe sur la façon dont la parole saine est produite et vice-versa. Ainsi, une des hypothèses est que les formes de variation en parole pathologique ainsi que leur localisation dans la chaîne parlée nous informent sur la typologie et la localisation des variations en parole normale. Une façon efficace de comprendre les processus et contraintes en jeu durant la production de la parole est de comparer la façon dont les locuteurs sains et pathologiques adaptent leur production en fonction des situations de parole (ici lecture ou parole spontanée). Deux groupes de patients souffrant de troubles moteurs affectant la parole (de programmation dans l'apraxie et d'exécution dans la dysarthrie) sont comparés à des locuteurs sains. Des corpus de parole lue et spontanée seront conçus et enrichis à plusieurs niveaux allant de l'alignement phonétique à l'annotation de marqueurs discursifs. Une combinaison de méthodes manuelles et automatiques seront utilisées pour analyser les données.
Les résultats de cette recherche contribueront à une meilleure description des formes de variation présentes en français ainsi qu'à une meilleure compréhension de la frontière floue entre des variations de parole normales et anormales.
L'originalité de ce projet réside dans le fait qu'il propose une nouvelle approche concernant la question de la variabilité issue d'un système sain de production de la parole en la confrontant à la variabilité imposée/entraînée par un système pathologique. Les deux populations ne sont pas considérées comme des conditions contrôles de chacune d'elles mais sont étudiées en parallèle. De nouvelles contributions seront apportées concernant la compréhension des signes pathologiques dans les troubles moteurs de la parole. La définition de modèles de parole normaux et anormaux seront, par ailleurs, établis en fonction de la prise en compte des styles de parole différents, de l'adaptabilité aux situations de parole et du rôle des diverses contraintes imposées au système de production dans des situations de communication naturelles. De plus, l'adaptation à la parole pathologique des approches et méthodes développées pour l'étude de la parole saine (élicitation et technique d'analyse des grands corpus, annotations multi-niveaux, outils de traitement automatique, etc.) constituent un défit méthodologique original et stimulant. Enfin, un intérêt supplémentaire de ce projet est son interdisciplinarité. L'association de diverses compétences (la phonétique, la phonologie, la prosodie, la phonétique clinique, la clinique ou l'ingénierie de la parole) rassemblées dans ce consortium est un atout essentiel pour le succès de ce projet.