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L’HÉROÏNE EN FRANCE. UNE HISTOIRE SOCIALE ET CULTURELLE DE LA DIFFUSION DES USAGES ET DES TRAFICS. 1968-2004 – HERO

Résumé de soumission

Ce projet de recherche porte sur l’histoire de la circulation de l’héroïne, en France, de la fin des années 1960 jusqu’au début des années 2000. Comment, au cours de cette période, l’héroïne est passée d’une consommation limitée à quelques cercles restreints à une consommation élargie à divers milieux et mondes sociaux ? Comment les réseaux de distribution et de commercialisation se sont réorganisés ? Quelles conséquences les politiques publiques (pénales, sanitaires, sociales) ont-elles eu sur ces phénomènes ? Bref, comment cette « épidémie française » a-t-elle été possible ?
Ces questions de recherche s’inscrivent dans un contexte bien particulier. Les effets conjugués de la circulation de l’héroïne et de la propagation du sida ont constitué une véritable catastrophe sanitaire et sociale. Pourtant cette histoire est restée peu connue et étudiée. D’un côté, elle a été recouverte par le déni des risques sanitaires et sociaux impliqués par la diffusion des consommations au sein de milieux vulnérables ; de l’autre, les sciences sociales ont manifesté peu d’intérêt pour cette histoire immédiate, sans épaisseur ni mémoire.
La posture théorique et méthodologique de ce projet est de restituer l’historicité de la diffusion de l’héroïne. Il s’agit de mettre à jour les continuités et les discontinuités qui organisent l’histoire des modes de consommation, de distribution et de revente du produit, d’interroger les proximités qui les ont rendues possibles, le franchissement de frontières culturelles et sociales entre des mondes apparemment hétérogènes, d’analyser le rôle structurant des marchés et des organisation économiques qui eu des rôles d’entrepreneurs dans la diffusion. Si aujourd’hui l’usage et le trafic d’héroïne semblent appartenir à une époque révolue au regard de leur déclin à partir du milieu des années 1990, rien ne permet d’affirmer que, dans ses mécanismes économiques et sociaux, cette histoire ne puisse s’appliquer à d’autres produits et d’autres mondes d’usages.
Notre hypothèse est que les logiques de consommation sont à la fois socialement diversifiés et processuelles, qu’elles évoluent constamment sous l’influence de trois mondes d’acteurs qui interagissent dans le cycle historique des produits : celui des consommateurs et des « mondes de consommation », dont les régimes de proximité/distance déterminent la circulation sociale des produits ; celui des entrepreneurs, impliqués à divers titres dans le calibrage économique des produits ; enfin, celui des politiques et des acteurs institutionnels, qui, à différents niveaux, de la répression des trafics à la prophylaxie des usages addictifs, contribuent eux aussi au cycle des produits. En privilégiant une analyse longitudinale, nous serons amenés à combiner trois échelles territoriales : transnationale, en interrogeant la diffusion des significations culturelles, des réseaux et des circuits productifs ; nationale, en s’intéressant aux représentations, aux « affaires » et aux politiques ; locale, en explorant les mondes d’usages dans les métropoles. A cette échelle, nous focaliserons notre attention sur deux sites urbains privilégiés, Paris et Marseille, envisagés comme significatifs (consommations, laboratoires, production/calibrage) et carrefours (réseaux criminels).
Pour ce faire, il s’agira de rassembler des matériaux d’archives, des témoignages, des entretiens biographiques, des histoires de familles sur les modes de circulation, de commercialisation, de consommation et de valorisation de l’héroïne. Dans ce sens, nous mobiliserons les sources disponibles : rapports officiels, dossiers judiciaires, articles de presses, films, romans, etc., et interrogerons les témoins directs et indirects issus de plusieurs générations. Enfin, nous procéderons à une analyse statistique du traitement judiciaire des infractions à l’échelle nationale et locale sur laquelle on appuiera une analyse des politiques publiques.

Coordination du projet

KOKOREFF Michel (Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris) – michel.kokoreff@univ-nancy2.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ASUD Autosupport et réduction des risques parmi les usagers des drogues
CADIS Centre d'analyse etd'intervention sociologiques
CRESPPA Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris

Aide de l'ANR 239 308 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2012 - 36 Mois

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