INEG - Métamorphoses de sociétés. Inégalité, inégalités

L'élite et les pauvres. Recherche de l'entre soi et représentations de la pauvreté dans les quartiers de catégories sociales supérieures de trois grandes métropoles : Paris, Sao Paulo et Delhi – PSPD

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Résumé de soumission

Il est frappant de constater que le rapport à la pauvreté des catégories sociales supérieures a très rarement été étudié en tant que tel. Ceci peut sembler d’autant plus surprenant que l’historien Louis Chevalier avait établi, à partir de recherches portant sur la première moitié du XIXème siècle, que les inégalités urbaines pouvaient être expliquées par les représentations de l’élite bourgeoise sur des classes laborieuses identifiées comme des classes dangereuses. En désignant les ouvriers des quartiers déshérités par les mots de « barbares » ou de « sauvages », en ramenant la condition ouvrière à des traits biologiques et des comportements physiques, l’élite bourgeoise et ses observateurs de l’époque ont en effet entretenu dans la conscience de leurs contemporains l’idée selon laquelle le séparatisme social se justifiait comme un état d’urgence face à l’insalubrité et la criminalité. Il faut souligner que la constitution de l’entre soi urbain des catégories sociales supérieures a été étudiée au cours des vingt dernières années sous l’angle presque exclusif de l’agrégation affinitaire motivée par les seuls intérêts de l’accumulation des différents types de capitaux. Or, il est possible de faire l’hypothèse que ce choix résidentiel des plus riches est également motivé par des représentations singulières de la pauvreté urbaine, par un rapport aux catégories populaires précarisées qu’il convient aujourd’hui d’étudier en tant que tel. Ce présent projet porte un intitulé principal qui mérite une clarification. « L’élite et les pauvres » entend établir un lien entre, d’une part, la sociologie des inégalités urbaines sous l’angle des attitudes et des comportements des catégories sociales supérieures, et d’autre part, la sociologie des formes et des représentions de la pauvreté. Ce projet part de l’hypothèse générale, qu’en matière d’inégalités urbaines, les faits objectifs importent, mais qu’ils doivent être analysés en les rapportant à la conscience que les contemporains en ont et les conclusions qu’ils en tirent pour éclairer ou justifier leurs propres pratiques. Etudier les représentations de la pauvreté parmi les catégories sociales supérieures ayant choisi de vivre dans un quartier plus ou moins auto-ségrégué, c’est prendre le parti d’analyser la relation entre des pratiques concrètes de recherche de l’entre-soi et des représentations du monde des pauvres, lesquelles peuvent être fondées sur la notion d’insécurité (risques de vols, d’agressions physiques ou verbales, etc.), mais aussi sur la peur d’être en quelque sorte contaminés par des modes de vie jugés culturellement indésirables ou intolérables dans l’espace public. Ainsi, vivre dans un quartier « protégé » par les prix les plus élevés du marché pourrait correspondre, non seulement à une recherche de prestige social, mais aussi à une volonté de mise à distance des pauvres et de recherche d’un ordre social et moral affranchi de toutes les nuisances et des coûts d’interaction susceptibles d’être rencontrés dans un espace ouvert et socialement mixte. Pour entreprendre cette recherche, nous souhaitons opter pour une approche comparative. Nous avons pour cela choisi trois terrains situés dans des métropoles éloignées géographiquement puisque situées dans trois continents différents (Paris, São Paulo, Delhi), mais aussi très contrastés tant du point de vue économique, social et politique, que de la tradition historique et culturelle.

Coordination du projet

Serge PAUGAM (CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR PARIS A) – Serge.Paugam@ehess.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CMH CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR PARIS A

Aide de l'ANR 170 000 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2011 - 24 Mois

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