INEG - Métamorphoses de sociétés. Inégalité, inégalités

Maintien des inégalités de genre: processus psychologiques et sociaux légitimateurs. – GENIM

Pourquoi la meilleure réussite scolaire des filles ne se traduit-elle pas par une meilleure représentation des femmes dans les disciplines universitaires et les carrières socialement prestigieuses ?

L’objectif central est de participer à la compréhension d’un paradoxe contemporain sur les inégalités entre les hommes et les femmes. Alors que les filles réussissent mieux scolairement que les garçons depuis une trentaine d’années déjà, les femmes continuent d’être sous-représentées dans les disciplines universitaires et les carrières socialement prestigieuses.

Vers une meilleure compréhension des processus psychologiques et sociaux qui contribuent aux inégalités de genre

L’enjeu de ce programme de recherche est de permettre une meilleure compréhension des processus psychologiques et sociaux qui contribuent au maintien des femmes dans une position dominée comparativement à celles des hommes, en dépit des nombreuses améliorations de la condition des femmes dans la société française. Ainsi, nous examinons comment l’influence des stéréotypes et des idéologies légitimatrices s’articulent. Dans ce but, quatre objectifs principaux structurent nos études et constituent nos quatre axes de recherche. Dans l’axe de recherche 1, nous identifions les principaux stéréotypes de genre qui stigmatisent l’incompétence des filles et des garçons selon les domaines scolaires, pour montrer ensuite que ces stéréotypes créent leur propre réalité en conduisant les filles et les garçons à réussir moins bien lorsque ces stéréotypes d’incompétence s’appliquent. Dans l’axe de recherche 2, nous étudions comment les femmes finissent par internaliser leur infériorité et les stéréotypes la justifiant en examinant la façon dont les idéologies légitimatrices influencent leur compétence perçue, leurs souvenirs autobiographiques, et leur performance dans les domaines stéréotypés. Dans l’axe de recherche 3, notre objectif est de montrer que les inégalités entre les hommes et les femmes s’enracinent en partie dans la fonction de sélection des institutions éducatives. Dans le quatrième et dernier axe de recherche, l’objectif est de montrer que l’idéologie méritocratique, en tant qu’idéologie prototypique de la justification du système social, a des conséquences sur les jugements portés sur les femmes qui dénoncent le sexisme.

Nos recherches sont constituées d’expériences menées soit sur le terrain, soit en laboratoire, afin d’établir des liens de cause à effet entre les facteurs étudiés, mais aussi d’études corrélationnelles, menées sur le terrain principalement, pour mettre en évidence des liens entre les facteurs étudiés. De nombreuses précautions éthiques sont prises et le consentement éclairé des participants à nos études, tout comme celui de leurs parents lorsqu’ils sont mineurs, est systématiquement requis. De plus, l’accord officiel de l’inspection académique pour entreprendre les études auprès d’élèves est toujours sollicité.
Le projet se décompose en quatre tâches correspondant aux quatre axes de recherche. La Tâche 1 est centrée sur la connaissance des stéréotypes de genre concernant les capacités scolaires et leurs conséquences. Elle comprend trois études corrélationnelles et trois recherches expérimentales. La Tâche 2 s’intéresse à l’internalisation des stéréotypes de genre en tant qu’outils de légitimation des inégalités de genre, et à la façon dont cette légitimation contraint le soi et les performances. Elle inclut une étude corrélationnelle et quatre recherches expérimentales. La Tâche 3 composée de trois études corrélationnelles et de quatre recherches expérimentales a pour objet les enjeux de sélection, d’éducation et la réussite des filles et des garçons dans le système éducatif. La Tâche 4, basée sur une étude corrélationnelle et quatre recherches expérimentales porte sur l’idéologie méritocratique et le jugement porté sur les femmes dénonçant le sexisme.

Dans le cadre de l’axe 1, les résultats déjà obtenus démontrent l’existence d’un stéréotype de genre ambivalent sur la réussite scolaire des filles. Elles sont perçues comme plus obéissantes, plus travailleuses et intelligentes, mais ayant moins confiance en elles que les garçons. De plus, l’intelligence des filles est perçue comme moins malléable que celle des garçons.
Les études de l’axe 2 montrent que garçons et filles de seconde se perçoivent de façon consistante avec les stéréotypes de genre et rapportent des sois possibles scolaires conformes aux stéréotypes. De plus, lorsque la justification du système est nécessaire, les femmes se perçoivent moins compétentes en maths et plus compétentes dans le domaine verbal que les hommes et rappellent des notes moins élevées en maths, différences qui disparaissent lorsqu’ils n’ont pas à justifier le système.
Les études menées dans l’axe 3 confirment que les garçons et les filles en tant que membres de groupes respectivement dominants et dominés du système social, réagissent différemment à la fonction de sélection du système éducatif, que celle-ci soit induite directement, via la compétitivité de la tâche, le niveau scolaire (avant / après baccalauréat) ou le type d’évaluation utilisé. Ces contextes impactent en effet différemment leurs motivations (et en particulier la motivation à réussir mieux que les autres et la crainte d’échouer) et leurs performances.
Avec les recherches de l’axe 4, il apparaît que des femmes jugeront positivement une autre femme dénonçant le sexisme dont elle a été victime seulement lorsque des valeurs d’égalité sociale seront rendues saillantes (valeurs personnelles ou expérimentalement induites).

Les résultats de ce programme de recherche ont commencé à être publiés (un article dans Sex Roles en 2012 et un article dans British Journal of Educational Psychology en 2013). Les autres résultats seront soumis dans des revues internationales de psychologie sociale et de psychologie de l’éducation, ainsi que dans des journaux à vocation interdisciplinaire centrés sur les études sur le genre. Certains résultats de ces recherches ont déjà été présentés et les résultats à venir continueront La sous-représentation des femmes comparativement aux hommes perdure dans les domaines professionnels associés à du pouvoir, du prestige et à des salaires plus élevés. Pourtant, les femmes réussissent scolairement mieux que les hommes et ces bons résultats devraient leur offrir l’opportunité de poursuivre tous types d’études et de carrières. Comprendre certaines des raisons qui influencent les choix d’orientation des femmes ou les préférences qu’elles développent est dès lors un enjeu majeur pour lutter contre les inégalités de genre. Si les résultats obtenus dans les études proposées dans ce programme de recherche confirment les hypothèses développées, le rôle des stéréotypes de genre et celui des idéologies légitimatrices telles que la méritocratie seront soulignés et des pistes d’action pourront être envisagées, notamment sur les fonctions éducatives et sélectives de l’éducation nationale.

Les résultats de ce programme de recherche ont commencé à être publiés (un article dans Sex Roles en 2012 et un article dans British Journal of Educational Psychology en 2013). Les autres résultats seront soumis dans des revues internationales de psychologie sociale et de psychologie de l’éducation, ainsi que dans des journaux à vocation interdisciplinaire centrés sur les études sur le genre. Certains résultats de ces recherches ont déjà été présentés et les résultats à venir continueront de l’être lors de congrès nationaux et internationaux. Ces résultats devraient également trouver un écho favorable dans des magasines scientifiques généraux comme Pour la Science, Sciences Humaines et Cerveau et Psycho. Nous organiserons enfin, à partir des résultats de ce programme, un cycle de conférences sur le genre et l’éducation destiné à un public de non-spécialistes.

Dans le programme de recherche envisagé, l’objectif central est de participer à la compréhension d’un paradoxe contemporain sur les inégalités entre les hommes et les femmes. Alors que les filles réussissent mieux scolairement que les garçons depuis une trentaine d’années déjà, les femmes continuent d’être sous-représentées dans les disciplines universitaires et les carrières socialement prestigieuses. Notre hypothèse générale pour rendre compte, au moins partiellement, de ce paradoxe est que des processus psychologiques et sociaux permettent une légitimation de la structuration hiérarchique de la société, aux dépens même des intérêts personnels et groupaux, c’est-à-dire une justification du système social telle que définie par Jost et ses collègues (e.g., Jost & Hunyady, 2002). Nous proposons d’articuler l’étude de l’influence des stéréotypes avec l’étude de l’influence des idéologies légitimatrices pour mieux comprendre les mécanismes psychologique et sociaux qui conduisent une majorité de femmes à ne pas s’autoriser l’accès à certaines filières d’étude (notamment scientifiques) en dépit de leur bonne réussite scolaire. Nous développerons ainsi quatre axes de recherche. Dans le premier axe, nous identifierons les stéréotypes de genre concernant les capacités scolaires connus par les enfants et leurs conséquences sur les performances. Dans un deuxième axe, nous nous intéresserons aux conséquences de l’internalisation des stéréotypes de genre, en tant qu’outils de légitimation, sur le soi et sur les performances des hommes et des femmes. Dans un troisième axe, nous étudierons les fonctions de sélection et d’éducation des institutions éducatives et leurs conséquences sur la réussite des filles et des garçons. Enfin, dans un dernier axe, nous nous focaliserons sur l’idéologie méritocratique et ses conséquences sur les jugements portés sur les femmes dénonçant le sexisme. Trois processus principaux de maintien des inégalités entre les hommes et les femmes seront ainsi examinés : les stéréotypes de genre (axes de recherche 1 et 2), la fonction de sélection des institutions éducatives (axe de recherche 3), et les jugements négatifs portés sur les femmes qui dénoncent le sexisme (axe de recherche 4). Nous suggérons que ces trois processus agissent en tant qu’outils de la justification et du renforcement des inégalités entre les hommes et les femmes. Ainsi, ce projet de recherche a pour ambition d’apporter une contribution psycho-sociale à la question du maintien des inégalités entre les garçons/hommes et les filles/femmes dans des contextes scolaires et universitaires, aussi bien qu’à celle du sexisme et de la dénonciation de la discrimination. Il devrait aider à clarifier d’importantes questions sur le maintien des inégalités entre les hommes et les femmes, en améliorant notre compréhension des processus qui contribuent à maintenir les femmes dans une position de dominées par rapport aux hommes, en dépit de nombreuses améliorations dans leur réussite académique et professionnelle.

Coordination du projet

Delphine MARTINOT (Université)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LPM UNIVERSITE DE PARIS V - RENE DESCARTES

Aide de l'ANR 210 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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