INEG - Métamorphoses de sociétés. Inégalité, inégalités

Inégalités durables, protection sociale et redistribution – INDURA

La dynamique des inégalités sociales inscrite dans des structures et des durées longues

Trois dimensions caractérisent cette dynamique structurale : <br />- les transformations longues du rapport au capital économique<br />- les transformations du rapport salarial et le poids de la finance sur le marché du travail<br />- l’émergence d’une logique de formation internationale des inégalités qui affaiblit les systèmes de protection sociale.<br />

Penser des inégalités durables et inscrites dans les structures sociales plutôt que des inégalités conjoncturelles ou liées à des inégalités individuelles.

- Premier objectif, trouver les instruments permettant d’analyser la question de la durée et de la mesure, de la description, de la caractérisation, et de l’articulation de formes de durables d’inégalités tant dans l’ordre économique que dans d’autres sphères d’activité sociale et, en particulier, dans la formation et l’éducation, dans la santé et l’espérance de vie, dans la capacité à prendre part à la vie publique et à constituer des groupes et des intérêts politiques. Parler « d’inégalités durables », pour reprendre l’expression de Charles Tilly, c’est à la fois en proposer la morphologie et mettre en évidence les conditions qui en garantissent la persistance.<br />- Deuxième objectif, reconnaitre et à caractériser l’existence de systèmes sociaux différents et durables dans une conception de type « variétés des capitalismes ». D’une certaine façon, les inégalités économiques qui servent le plus souvent à caractériser l’inégalité au sein d’un pays ou d’un groupe social, comme les inégalités de revenu, sont un symptôme, une manifestation particulière et « visible » d’inégalités de positions sociales et d’accès à des positions sociales multidimensionnelles qui sont définies de manière spécifique à la fois chacune et dans leur articulation. L’analyse comparatiste vise alors à reconnaître ces différences structurales entre des sociétés d’époque ou de localisation différentes, à chercher des structures communes, à montrer les différentes formes d’interférences qui peuvent exister entre elles dans la durée; interférences qui peuvent prendre la forme d’échanges économiques, de mouvements de population, d’emprunts organisationnels ou institutionnels choisis ou forcés (comme dans le cas de la colonisation), qui peuvent encore tenir à l’existence d’institutions « méta-locales », à l’existence d’un Etat national vis-à-vis de logiques régionales ou d’institutions transnationales vis-à-vis des Etats nations.<br />

La principale difficulté d’un projet sur les inégalités et qu’il n’a de sens qu’au niveau global et suppose pour être saisi une perception au niveau le plus local ou même individuel. De plus, l’inégalité est de plus en plus conçue comme un phénomène multidimensionnel et même lorsqu’on parle d’inégalités économiques au sens étroit, on ne peut ni échapper à l’idée que cette inégalité prend elle-même plusieurs formes (inégalités de revenu, de patrimoine, inégalités d’employabilité, etc.) ni à la certitude que les inégalités économiques sont en partie liées avec d’autres mécanismes sociaux inégalitaires (la famille, l’éducation, la santé…).
Seul un travail collectif permet de surmonter une telle exigence en matière empirique et de constitution de bases de données. Plusieurs recherches rassemblées ici s’appuient sur des bases données et des enquêtes constituées et élaborées sur une longue durée. Ces enquêtes, sur la France et sur l’Afrique notamment, sont des ressources rares et très importantes pour la communauté scientifique au-delà du présent projet.
Le projet vise à la fois à donner l’occasion à chacun des éléments qui le constituent de se poursuivre et, en même temps, d’assembler les résultats obtenus pour approcher une connaissance plus riche de l’inégalité comme phénomène global.

Les résultats du projet seront diffusés sous différentes formes : l’essentiel sera sous forme de productions académiques, d’articles et de présentations dans les conférences scientifiques. On peut notamment mettre l’accent sur la conférence qui sera organisée dans le cadre de ce projet autour du Handbook sur l’économie des inégalités sous la direction de François Bourguignon. Un autre ouvrage portant sur l’histoire des inégalités de richesse en France est également prévu et sera accessible à public plus large.
Une conférence finale sera organisée qui donnera une vision d’ensemble des résultats obtenus dans le cadre de ce programme.

Ce projet a une portée qui dépasse les horizons de 3 ans d’un financement ANR et il sera prolongé par d’autres recherches sur la question des inégalités durables. Le groupe ainsi constitué formera un collectif capable de continuer efficacement dans cette direction.

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L’objectif du projet INDURA est de fédérer des travaux qui s’intéressent aux inégalités comme phénomène structural, c’est-à-dire comme traduisant un ordre social durable. Cet ordre se réalise notamment au travers de formes stables de mobilité (sociale, spatiale, économique). En cela, ce projet se démarque d’une partie des travaux actuels qui s’interrogent sur les causes conjoncturelles de l’augmentation récente des inégalités, et se développe dans une perspective à la fois historique et comparative. Cette perspective est compatible avec un pluralisme méthodologique : microéconométrie des comportements d’agents, macroéconomie du long-terme historique, typologie des configurations institutionnelles, analyses macrosociologiques.
Une seconde dimension fédère les travaux qui vont être entrepris : les inégalités ne peuvent être lues seulement dans des différences individuelles mais il faut prendre en compte les systèmes de protection sociale et les dispositifs de redistribution qui les gèrent, les freinent, les recomposent. La durée des phénomènes inégalitaires tient à leur inscription dans des institutions historiques locales, nationales et, de plus en plus, internationales.

Nous avons organisé le projet INDURA en 3 tâches :

Tâche 1 : Pour envisager les inégalités dans la durée, nous partons d’une approche historique centrée sur le cas de la France aux XIXe et XXe siècles qui vise à identifier des structures permanentes de l’inégalité. Un des atouts majeurs de ce projet est d’aborder cette question au travers de données individuelles adossées à une source homogène et stable : les données de successions tenues par l’Enregistrement. Plusieurs aspects essentiels de la dynamique de long-terme des inégalités peuvent être alors abordés : l'influence de régimes de croissance différents, la décomposition entre monde rural et monde urbain au fil de l’industrialisation, l'évolution sous-jacente des formes de mobilité professionnelle, économique, spatiale (pouvant jouer un rôle cumulatif), le rôle enfin de l’héritage dans la persistance des inégalités de génération en génération.

Tache 2 : Nous nous proposons d’identifier les transformations structurelles actuelles qui peuvent affecter durablement la formation des inégalités en France. Pour cela, nous nous focalisons sur une hypothèse novatrice concernant le rôle majeur que jouent les changements des fonctionnements du marché du travail et des marchés financiers. Nous étudions les sources d'incertitudes propres à ces marchés en considérant spécifiquement les conditions d’accès au marché du travail, qui se jouent depuis l’école jusqu’à la retraite, et les trajectoires patrimoniales. Ces deux phénomènes se cumulent au moment de la retraite, moment où l'on retrouve les effets de trajectoires professionnelles plus hétérogènes et de trajectoires patrimoniales très différenciées.

Tâche 3 : Les inégalités prennent une dimension internationale liée d'un côté à la mondialisation du commerce et à la financiarisation des économies, et d'un autre côté à l'expansion des migrations et aux nouvelles technologies de communication. Nous analysons l’effet sur l’augmentation des inégalités nationales de la confrontation de systèmes sociaux différents dans un espace international en cours de structuration institutionnelle. Nous tentons ainsi de considérer les inégalités non seulement dans le long-terme historique mais aussi à l'échelle globale. Nous proposons une économie politique des inégalités susceptible de rendre compte de la différenciation des systèmes de protection sociale et de redistribution européens. Enfin, en contrepoint de l’ensemble du projet, nous proposons une analyse nouvelle des structures durables d’inégalité en Afrique sub-saharienne, le sous-continent non seulement le plus pauvre mais aussi le plus inégalitaire.

Le projet INDURA constitue un axe de développement majeur dans le projet scientifique de l’Ecole d’économie de Paris.

Coordination du projet

Jérôme Bourdieu (ECOLE D' ECONOMIE DE PARIS) – jerome.bourdieu@ens.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

PSE ECOLE D' ECONOMIE DE PARIS

Aide de l'ANR 209 947 euros
Début et durée du projet scientifique : novembre 2011 - 36 Mois

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