enpolitique.com: Stratégies, contenus et perceptions des usages politiques du web en période électorale. Le cas des campagnes électorales présidentielle française et législative québécoise. – ENPOLITIQUE.COM

Enpolitique.com est un projet de recherche international mené par une équipe de six chercheurs québécois et français qui vise à produire une enquête comparative de l'usage que font du web, et en particulier des médias sociaux, les candidats et partis politiques en France et au Québec lors des prochaines campagnes électorales de 2012.

Le projet permettra de développer une typologie des stratégies web mises en oeuvre en fonction notamment de la position du parti sur l’échiquier politique national, mais aussi des ressources organisationnelles et financières mises en oeuvre dans la communication en ligne (recours à des agences, à du consulting, au marketing électoral). L'exercice permettra d'affiner la vision d'Howard (2006) sur les «citoyens managés» qui pose que les campagnes politiques sont désormais menées essentiellement grâce à des techniques de gestion de l’information qui s’imposent à toutes les organisations et candidats.

En outre, le projet permettra de vérifier si les organisations politiques françaises et québécoises voient dans l’usage du web un remède à la démobilisation des électorats, et le cas échéant, quels mécanismes et stratégies de communication en ligne elles privilégient afin d’engager et de maintenir un lien de fidélisation avec divers segments de leurs électorats. L’efficacité de ces stratégies sera notamment observée in vivo, à travers l’étude des perceptions citoyennes concernant ces usages du web par les partis et candidats.

L’utilisation d’Internet s’est fortement développée et diversifiée en France et au Québec où plus de 60% de la population est internaute. Le web a également fait son entrée dans le domaine politique depuis les années 1990. Les recherches réalisées ces dernières années ont permis de mieux connaître les campagnes en ligne, les blogueurs politiques, les enjeux du vote électronique. En Amérique du Nord, les usages des technologies pour la participation ou la mobilisation politiques suscitent encore davantage d’attention depuis la dernière campagne présidentielle américaine et l’élection de Barack Obama.

Partant de ces nouvelles réalités sociopolitiques, le projet propose une analyse comparée de l’usage politique du web au sein d’États francophones alors que la majeure partie de la production scientifique demeure pour l’heure largement consacrée au monde anglo-saxon. Le projet de recherche permettra de faire une contribution significative au développement du savoir sur l’évolution du web politique et sur les transformations des organisations partisanes.

L’ambition du projet est de contribuer à une meilleure connaissance des relations entre les organisations qui sont en situation « d’offre politique », c’est-à-dire de sélection des candidats et de production de discours, de symboles et de programmes ; et les citoyens, en situation de « demande » politique, c’est-à-dire d’expression de leurs choix et de leurs attentes. Un des enjeux de cette recherche est de montrer que ces catégories « offre » et « demande » politique sont mises en tension du fait du développement d’Internet et du web 2.0. Les citoyens peuvent désormais contribuer aux discours et campagnes des organisations de façon plus intense et régulière, et ces dernières peuvent en retour apparaître comme largement contraintes par des impératifs de communication et de participation des citoyens, d’où des transformations potentielles des règles du jeu politique. D'une part, le projet vise à atteindre à une connaissance fine et comparative des stratégies de campagne, ainsi que des réceptions de ces stratégies, par le biais de quatre méthodes combinées (étude des contenus des communications, entretiens semi-directifs, entretiens de groupes, questionnaire en ligne) ; d’autre part, cette connaissance fine fournir les éléments nécessaires à une réflexion sur les nouvelles formes d’organisations partisanes qui émergent sous l’effet de l’essor des technologies de l’information et de la communication.