Blanc SHS 2 - Blanc - SHS 2 - Développement humain et cognition, langage et communication

Déficits de perception et mémoire auditives dans l’amusie congénitale : vers une rééducation multisensorielle – AMUSIA

Résumé de soumission

La musique est universelle et omniprésente dans notre vie quotidienne. Pourtant, environ 4% de la population souffre d’ « amusie congénitale », un déficit peu connu mais handicapant qui affecte la perception et la production musicales. Ce n’est que très récemment que des mesures comportementales et neurophysiologiques ont commencé à cerner le contour de cette « pathologie ». Le déficit majeur dans l’amusie congénitale semble lié au traitement de la hauteur des signaux acoustiques, ce qui se répercute négativement sur le traitement de la musique. Les premières études ont rapporté des seuils de discrimination de hauteurs anormalement élevés chez les amusiques, ce qui a été interprété comme la manifestation d'un déficit majeur dans la perception de la hauteur. Plus récemment, des travaux ont suggéré que le déficit principal dans l’amusie est lié à des anomalies dans la mémoire à court terme de la hauteur des sons, ces anomalies pouvant survenir sans trouble perceptif.
Notre projet de recherche se focalisera sur l’étude des corrélats comportementaux et cérébraux de l’amusie congénitale, avec deux principaux objectifs. Le premier objectif est de caractériser les processus déficitaires et les processus préservés dans la perception et la mémoire de la hauteur dans l’amusie, en combinant des mesures comportementales et d’imagerie cérébrale (avec à la fois des approches fonctionnelles et anatomiques). Le second objectif est d’élaborer un programme de réhabilitation de l’amusie, en s’appuyant d'une part sur les connaissances que nous apporterons quant à ses corrélats anatomo-fonctionnels, et d'autre part sur la facilitation perceptive produite par l’aide d’une seconde modalité sensorielle (la vision), comme l’ont montré nos travaux antérieurs.
Par rapport aux recherches déjà menées sur l’amusie, ce projet est novateur et original sous trois aspects. 1) Nous chercherons à caractériser la spécificité anatomo-fonctionnelle de l'amusie en comparant des sujets amusiques et des contrôles appariés dans une étude combinant trois types de mesure chez les mêmes sujets : comportement, imagerie anatomique, imagerie fonctionnelle. 2) Nous utiliserons non seulement, comme cela a déjà été fait, des protocoles de traitement explicite, mais aussi des tâches de traitement implicite. La capacité à conserver des traitements implicites – en dépit de déficits explicites – a été rapportée depuis longtemps en neuropsychologie dans la perception visuelle, le traitement du langage et la mémoire, et plus récemment dans le traitement de la musique. Nous étudierons ici cette capacité dans le cas de l’amusie congénitale. 3) En s’appuyant sur les processus implicites préservés, nous combinerons notre investigation du traitement auditif aux interactions multisensorielles. Les travaux récents sur l’intégration visuo-auditive soulignent l’intérêt potentiel d’exploiter la piste des interactions entre vision et audition pour améliorer le traitement de la hauteur tonale grâce à des informations visuelles simultanées. Dans ce cadre multisensoriel, nous développerons et testerons des méthodes d’entraînement perceptif ciblant la perception et la mémoire de la hauteur.
Au-delà de ces perspectives concernant l’amusie congénitale en elle-même, notre projet permettra de mieux comprendre les processus impliqués dans la perception et la mémoire auditives, ainsi que leurs fondements cérébraux. Ceci renforcera nos connaissances sur les bases neurophysiologiques du traitement de la musique et du langage, mais aussi de leurs interactions avec le traitement d’informations visuelles. Enfin, les procédures que nous souhaitons développer pourront être transposées à d’autres pathologies engendrant aussi des troubles du traitement de la hauteur tonale, comme la surdité périphérique (en particulier pour les sujets porteurs d'un implant cochléaire) ou la dyslexie.

Coordination du projet

Barbara TILLMANN (CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE RHONE-AUVERGNE) – btillmann@olfac.univ-lyon1.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS -CRNL CAP CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE RHONE-AUVERGNE
INSERM-CRNL-DynCog INSTITUT NATIONAL DE LA SANTE ET DE LA RECHERCHE MEDICALE - DELEGATION DE LYON
Université Bordeaux 1 -INCIA UNIVERSITE BORDEAUX I
CENTRE D'ETUDE ET DE RECHERCHE MULTIMODAL ET PLURIDISCIPLINAIRE EN IMAGERIE DU VIVANT - CERMEP

Aide de l'ANR 263 195 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2011 - 36 Mois

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