ESPACE ET TERRITOIRE - ESPACE ET TERRITOIRE : LES ENIGMES SPATIALES DE LA VIE EN SOCIETE.

Le détroit de Gibraltar, à la croisée des mers et des continents (époques ancienne et médiévale) – DETROIT

Résumé de soumission

L’importance des enjeux qui se nouent autour du détroit de Gibraltar se manifeste avec une acuité toute particulière depuis quelques années. Pour les populations africaines contraintes à migrer et pour les passeurs qui se font métier de les convoyer, le Détroit est apparu à la fin de la décennie 1990 comme un point de passage idéal. Les dispositions prises aux frontières par les autorités espagnoles et européennes ont depuis déplacé les flux migratoires vers l’ouest. Néanmoins la tension persiste autour du Détroit et les débats en relation avec ces phénomènes migratoires, largement relayés par les médias, mobilisent fortement les sciences sociales. Jusqu’à présent, dans ce contexte social et intellectuel très particulier, la voix des spécialistes des périodes anciennes n’a guère été entendue. Pourtant, les singularités spatiales du Détroit, telles qu’elles s’expriment dans notre actualité, ont été perçues et affrontées dès la plus haute Antiquité. Sans remonter jusqu’aux expériences phéniciennes et puniques mais en faisant jouer la longue durée, notre programme propose une relecture de ce territoire depuis la deuxième guerre punique (IIIe siècle av. n. è.) jusqu’aux premiers temps de l’expansion européenne sur les rives de l’Afrique (XIVe-XVe siècle). Sur un axe Nord-Sud, l’étroitesse du détroit lui assure un rôle privilégié, celui de point de passage pour tous les flux qui parcourent la région. Mais si la solution de continuité créée par le débouché de la Méditerranée dans l’Océan n’est pas un obstacle, elle induit néanmoins des contraintes spatiales que les sociétés autochtones et toutes celles qui sont intervenues dans la région ont dû surmonter ou contourner. Sur un axe Est-Ouest, le détroit fonctionne comme une porte, généralement franchie de la mer vers l’espace océanique. L’ambiguïté du cadre spatial est, ici encore, manifeste : la possibilité de circuler oriente les circuits mais la difficulté à concevoir ce qui se trouve au-delà du passage, en dépit du caractère très précoce des premières explorations atlantiques, et les difficultés techniques posées par la navigation dans un espace physique très différent de celui qui était jusqu’alors familier ont compliqué le franchissement de ce seuil. Dans notre zone d’étude, la relation entre le territoire et les sociétés qui le parcourent se révèle donc particulièrement complexe. Aux contraintes naturelles se mêlent des aspects psychologiques et techniques parfois difficiles à saisir pour les époques anciennes. Les dimensions sociales (qui englobent les pratiques économiques et le gouvernement) révèlent aussi des particularités dignes d’attention : intégrées au même espace politique et administratif pendant des siècles (à l’époque romaine et à celle des « empires » berbères), les deux rives du Détroit ont aussi été considérées, parfois simultanément, comme les confins de deux mondes affrontés, séparés au Moyen Âge par l’opposition entre Chrétienté et Islam. L’ambition de notre programme réside dans le projet de ramasser nos connaissances sur la zone, très nombreuses mais très morcelées, de les replacer dans la longue durée et de renouveler leur approche en faisant appel aux acquis récents des sciences sociales en matière d’analyses spatiales. L’outil informatique sera largement sollicité puisque nous visons à la réalisation d’un atlas en ligne, adossée à une base de données où seront progressivement déposées les informations archéologiques et textuelles relatives à la zone. Plus que jamais, le décloisonnement disciplinaire se révèle indispensable : les historiens et les archéologues ont beaucoup à apprendre des géographes, des anthropologues et des spécialistes en sciences politiques lorsqu’il s’agit d’étudier les déplacements et la relation au territoire. Enfin, l’équipe sera internationale, avec la participation de chercheurs marocains, portugais, espagnols et français.

Coordination du projet

Laurent Callegarin (Casa de Velazquez) – laurent.callegarin@casadevelazquez.org

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CVZ Casa de Velazquez
CJB Centre Jacques-Berque, USR (3136)
UMR 8167 UNIVERSITE DE PARIS I - PANTHEON SORBONNE
EA 3002 UNIVERSITE DE PAU ET DES PAYS DE L'ADOUR

Aide de l'ANR 259 997 euros
Début et durée du projet scientifique : - 48 Mois

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