Xénobiotiques, perturbation endocrinienne et neurotoxicité : impact de l'exposition chronique aux pesticides sur la reproduction, le développement et le fonctionnement du système nerveux central d'un modèle mammifère. – Neuropest

Les pesticides posent un véritable problème de santé publique, à la fois pour les utilisateurs, mais aussi pour la population générale. Des études épidémiologies menées sur des populations exposées à ces toxiques semblent montrer un risque accru de cancers, de malformations congénitales dans la descendance directe, d’infertilité, de pathologies neurodégénératives et de déficits immunitaires. Il est maintenant établi que les populations fortement exposées aient un risque accru de développer des pathologies neurodégénératives. De part la grande communauté de cible neuronale de ces toxiques, dont certains sont impliqués dans des génopathies neurodéveloppementales telles que l’autisme et les déficiences mentales, nous sommes en droit de nous interroger sur la possible existence de cas d’autisme/déficiences mentales "toxiques". Par ailleurs, des études établissent le lien entre l’exposition aux pesticides et infertilité – infécondité masculine ainsi qu’une augmentation du risque d’anomalies du développement de l’enfant, anomalies neuro-développementales et reproductives. L’évaluation des effets toxiques des pesticides est complexe car de nombreux paramètres sont à considérer. Les atteintes chroniques dans lesquels les pesticides sont suspectés, sont dénoncées par de nombreux scientifiques. Cependant, les études de risque prévues pour tester les pesticides sont insuffisantes pour objectiver leurs dangers potentiels, pour comprendre les mécanismes de leur toxicité, et en dernière instance, pour développer des politiques de protection de ces dangers.
Notre projet entre dans le contexte de l'analyse du risque constitué par les xénobiotiques nécessitant de prendre en compte la vulnérabilité du développement précoce et les implications à long terme d'une programmation altérée sur les systèmes nerveux et la reproduction. Il s’intègre dans la poursuite d’études déjà effectuées par nos partenaires, dans le cadre d’un projet (ANR 2006-2009 – "herbitox") qui a montré qu’un traitement chronique au glufosinate d'ammonium chez la souris adulte induit des troubles du comportement corrélés à des modifications du tissu cérébral. L'un des objectifs est d'élargir ces travaux, en réalisant une intoxication chronique au cours du développement précoce dans des conditions se rapprochant au mieux de l'exposition humaine et, en les associant à une approche toxicologique portant sur l'analyse de la perturbation du système reproducteur au cours de la même période. Nous avons choisi d’étudier les effets neurotoxiques du glufosinate d'ammonium, composé actif d’herbicide, et de la cyperméthrine, composé actif d’insecticide. Ces deux molécules ont la particularité d’avoir comme cible des protéines impliquées dans la neurotransmission. L’atrazine, molécule herbicide sera également étudiée du fait de son action déjà connue sur le système reproducteur ainsi que sur la recapture de certains neurotransmetteurs. Les effets neurotoxiques de ces molécules suggèrent leur potentiel implication dans des pathologies neurodeveloppementales telles que l’autisme et les déficiences mentales. Notre objectif est de réaliser une étude neurotoxicologique la plus complète possible prenant en compte des considérations anatomiques, biochimiques, cellulaires et comportementales. Cette étude neurotoxicoloxique s'accompagnera d'une expertise complémentaire au niveau du système reproducteur. En effet, des études ont montré que l'exposition à certains pesticides, pouvait non seulement conduire à des modifications neurochimiques accompagnant des déficits cognitifs et une diminution générale des performances de mémoire, mais également avoir des effets délétères sur la fonction de reproduction. Ce programme de travail devrait donc permettre l’évaluation des risques pour contribuer au renforcement de la sécurité des populations avec la préoccupation de contribuer au débat public, d’éclairer des choix sociétaux et de fournir un appui scientifique à la décision publique.