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Comptes et profits marchands d'Europe et d'Amérique, 1750-1815 – MARPROF

Résumé de soumission

Il est généralement admis que le succès d'un acteur économique se mesure à l'efficacité avec laquelle il parvient à dégager un profit, ou plus exactement une valeur ajoutée (la création de valeur ), en travaillant sur sa fonction de production et/ou sur sa relation au consommateur. Les stratégies des acteurs déterminent cette création de valeur, et leur mise en concurrence donne l'avantage aux plus efficaces. Mais ce qui paraît une évidence pour la théorie économique est plus délicat à interpréter historiquement, dans la mesure où une certaine confusion règne quant à la définition du profit, aussi bien que dans l'évaluation des stratégies permettant de le dégager, dès que l'on s'intéresse à des périodes précédant le XIXe siècle et l'avènement du capitalisme industriel. Les acteurs économiques les plus nettement tournés vers le profit des époques pré-industrielles, les marchands, ont certes donné lieu à de nombreuses études, mais leurs pratiques concrètes (comptabilité, stratégie entrepreneuriale, recherche du profit d'une façon générale) se sont avérées difficiles à analyser avec les outils conceptuels développés depuis 1850, à telle enseigne que l'on ne trouve jamais de bilan chiffré d'entreprise marchande moderne dans l'historiographie. L'analyse quantifiée des comptes marchands se heurte en effet à une série d'obstacles (indétermination des échelles de prix et de qualité, impossibilité de tracer les produits d'une transaction à une autre, part élevée des actifs mal comptabilisés ou non comptables comme l'information, le crédit ou les réseaux, etc.). En l'absence d'indications sur les profits marchands, les stratégies des entrepreneurs restent donc largement opaques,ce qui limite la précision des analyses micro- et macro-économiques de la période, et pose des problèmes de compréhension du point d'origine du développement industriel du XIXe siècle Notre proposition vise à partir des priorités de la comptabilité marchande de l'époque pour reconstituer sa cohérence, et éclairer les stratégies des acteurs marchands, de manière à la fois quantitative et qualitative. Notre stratégie de départ est double: enregistrer chaque transaction comme évolution d'un compte particulier dans un univers formé de l'ensemble des comptes débiteurs et créditeurs, d'une part, et dégager des gammes de produits avec leurs prix associés sans chercher à pénétrer trop avant à l'intérieur de ces paniers de produits , d'autre part. Plutôt que de traiter des transactions isolées, on obtient alors une vision globale, portant sur une série de comptes, dont chacun est associé à une certaine tendance créditrice ou débitrice, et à une série d'ensembles prix /produits, dont chacun est également associé à une tendance au profit ou à la perte. Nous contournons ainsi les difficultés soulevées par l'analyse d'une transaction particulière, et obtenons une approximation de ce que le marchand lui-même voyait dans ses comptes, la perception du profit, en somme, plus que le profit lui-même. Dans un deuxième temps, nous pourrons croiser cette perception avec les indications qualitatives que l'on peut glaner dans les sources (correspondances, journaux intimes, etc.), pour confronter cette perception du profit aux stratégies marchandes associées. Ceci devrait nous permettre d'évaluer ces dernières, et en particulier d'identifier l'influence des paramètres historiques contextuels (parentèles, réseaux socio-culturelles, préférences extra-économiques de tous types, mais aussi cadres légaux, coutumiers ou institutionnels). En pratique, la saisie sur base de données de transactions comptables individualisées est extrêmement lente ; compte tenu des disponibilités de l'équipe, le projet aboutira à la numérisation d'une dizaine de fonds d'archives à raison de quelques années pour chacun, fonds choisis en fonction de leur contenu, qui doit allier sources comptables et données textuelles de type correspondance (puisqu'il s'agit de croiser les deux). Nous nous concentrerons sur un

Coordination du projet

Pierre GERVAIS (UNIVERSITE PARIS 1) – pgervais@univ-paris8.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

IDHE/UP1 UNIVERSITE PARIS 1

Aide de l'ANR 309 999 euros
Début et durée du projet scientifique : - 48 Mois

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