Viabilité des systèmes de cultures protégées dans un contexte d’agriculture durable – EcoSerre

Né il y a juste cinquante ans, le système de culture abritée est maintenant un système de production de masse incontournable qui assure l’approvisionnement des populations en fruits et légumes frais et en végétaux d’ornement toute l’année, dans toutes les régions et sous tous les climats du monde. Il s’agit d’un système de production agricole intensif dont les interactions avec l’environnement naturel, social et économique sont très fortes et qui présente vis à vis du développement agricole durable tout à la fois des faiblesses voire des déficiences et des atouts indéniables. Ces aspects contradictoires questionnent sa viabilité dans un contexte d’agriculture durable et nous conduisent à établir un état des lieux environnemental, social et économique qui débouche sur la proposition qui constitue le cœur même de notre projet, à savoir qu’un mode de production agricole peut être, sous certaines conditions économiques et institutionnelles qu’il conviendra d’examiner, à la fois intensif et respectueux de l’environnement et plus généralement satisfaire aux attendus sociaux, économiques et environnementaux du développement durable. Cette appréciation qui prend le contre-pied de l’opinion généralement admise qui identifie durabilité et caractère extensif d’un agro système sera examinée à l'aune des réalités économiques et sociales en considérant i) les conditions de l'efficacité des politiques environnementales et sanitaires et des organisations de filière, ii) la façon dont les consommateurs perçoivent les différents attributs de durabilité de la serre. On tiendra également compte des évolutions récentes du contexte que l'on peut caractériser par des évènements naturels de plus en plus nombreux venant fragiliser les modèles techniques (exemple du complexe Bemisia tabaci – TYLCV), un renchérissement durable du prix de l’énergie, le tout sous la pression d’exigences politiques et sociales accrues en matière d'environnement, de conditions de travail et de normes sanitaires alimentaires. L’approche qui est mise en oeuvre privilégie une approche globale de la serre qu’on pourrait qualifier d’holistique et qui se rapporte à l’analyse de son essence même : un système qui permet de découpler de l’extérieur et de ses contraintes biotiques et abiotiques l’environnement de la culture et de contrôler, le plus précisément possible dans l’espace et dans le temps, ses facteurs de production physiques ou biologiques, qu’ils soient liés au sol ou aériens. Pour cela, notre proposition vise à exploiter pour rendre compatible avec le développement durable, les notions de fermeture du système d’une part (notion de serre close) et de contrôlabilité du milieu dans le temps (asservissement du système) et dans l’espace (horticulture de précision) d’autre part. On ne considère pas tout l’éventail des structures existantes mais on se concentre surtout sur ses deux extrémités : la serre lourde et le tunnel. Pour la serre lourde conduite en hors sol qui mène à son extrême ce mouvement de découplage par rapport à l’extérieur, nous nous orienterons vers une fermeture encore plus poussée du système des points de vues du milieu aérien (serre close) et édaphique (recyclage des solutions fertilisantes). Pour le tunnel dont l’inertie liée au compartiment sol est beaucoup plus grande et la contrôlabilité moindre, on insistera surtout sur la qualité des produits récoltés, la maîtrise des flux hydro-minéraux et d’inoculums dans le sol, en lien avec les rotations culturales et la mise en œuvre de pratiques relevant de l’horticulture de précision. Une intégration globale sera ensuite pratiquée dans des stations de recherche et des stations expérimentales de l’INRA en lien très étroit avec les stations des instituts techniques de l’horticulture ornementale (ASTREDHOR) et légumière (CTIFL de Ballandran en région méditerranéenne et de Carquefou en région atlantique) pour être confrontée avec la pratique des professionnels. Les résultats attendus répondent à 5 séries de ques